Mer rouge : signature d’un accord entre l’Éthiopie et le Somaliland pour disposer d’une base navale

Mardi 9 Janvier 2024 - 9:30

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Après la Seconde Guerre mondiale, les Nations unies associèrent l’Éthiopie à l’Érythrée au sein d’une fédération, ce qui permit la création de la « marine impériale éthiopienne », dont le développement fut encouragé par les États-Unis, l’Italie et le Royaume-Uni. Au fil du temps, elle reçut plusieurs patrouilleurs et vedettes, un navire de lutte anti-sous-marine [le « Zerai Deres »] et même un porte-hydravions, en l’occurrence l’USS Orca, qu’elle transforma en bateau-école.

Après la chute de l’empereur Haïlé Sélassié, renversé par un coup d’État fomenté par des militaires marxistes en 1974, l’Éthiopie se tourna vers l’Union soviétique qui, voyant une occasion de se rapprocher du détroit de Bab el-Mandeb, lui céda deux frégates, six patrouilleurs et des vedettes lance-torpilles.  Mais, l’histoire de la marine éthiopienne s’arrêta en 1993. Cette année-là, à l’issue d’un référendum soutenu par les Nations unies, l’Érythrée prit son indépendance, privant ainsi l’Éthiopie d’un accès à la mer. Plus ou moins apaisées pendant un temps, les relations entre les deux pays se dégradèrent au point de donner lieu à une guerre entre 1998 et 2000. Addis-Abeba et Asmara se réconcilièrent en 2018, ce qui valut à Abiy Ahmed, le Premier ministre éthiopien, d’obtenir le Prix Nobel de la paix. Ce dernier fit savoir qu’il entendait faire à nouveau de l’Éthiopie une puissance navale. « Nous avons mis en place l’une des forces terrestres et aériennes les plus puissantes d’Afrique. Nous devons renforcer notre capacité navale à l’avenir », avait-il déclaré, en juin 2018.

A l’occasion d’une visite officielle à Addis-Abeba, le président français, Emmanuel Macron, lui offrit l’aide de la France, dans le cadre d’un accord de coopération en matière de défense. Accord pour « ouvrir la voie à un accompagnement spécifique à la mise en place d’une composante navale éthiopienne », avait-il alors expliqué. En effet, le 1er janvier dernier, l’Éthiopie et le Somaliland ont signé un accord-cadre « historique » permettant à Addis-Abeba d’avoir un accès à la mer, via le port de Berbera, situé sur la côte méridionale du golfe d’Aden, à l’entrée de la mer Rouge. Cet accord « ouvrira la voie à la réalisation de l’aspiration de l’Éthiopie à sécuriser son accès à la mer et à diversifier son accès aux ports maritimes », ont expliqué les services du Premier ministre éthiopien. « Il renforce également le partenariat sécuritaire, économique et politique » entre l’Éthiopie et le Somaliland, ont-ils ajouté. L’Éthiopie aurait « accès à une base militaire louée sur la mer Rouge ». C’est « un pas en avant dans la bonne direction pour cette génération et les générations à venir », se sont félicitées les autorités du pays.

« Cet accord historique garantit l’accès de l’Éthiopie à la mer Rouge pour ses forces navales, en échange de la reconnaissance formelle de la République du Somaliland, ce qui constitue une étape diplomatique importante pour notre pays », ont salué les autorités du Somaliland. Cependant, le Somaliland fait partie de la Somalie en vertu de la Constitution somalienne, de sorte que la Somalie considère cette mesure comme une violation flagrante de sa souveraineté et de son unité, a réagi le gouvernement somalien cette fois, avant de préciser qu’il allait rappeler son ambassadeur en Éthiopie « pour consultation ». « Je n’accepterai pas qu’on nous enlève un morceau de notre terre », a prévenu le président somalien, Hassan Sheikh Mohamoud. « Je tiens à vous assurer que nous sommes déterminés à défendre le pays, nous ne permettrons pas qu’un pouce de terre, de mer et de ciel soit violé », a renchéri son Premier ministre, Hamza Abdi Barre. En attendant, Mogadiscio a appelé les Nations unies, la Ligue arabe et l’Union africaine à « défendre le droit de la Somalie de défendre sa souveraineté et de forcer l’Éthiopie à adhérer aux lois internationales ».

Noël Ndong

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