Marché du livre et des arts au sol : l'initiative en voie de disparition à Brazzaville

Jeudi 1 Février 2024 - 19:34

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Avec l’application de l’opération déguerpissement des marchés de fortune sur les artères publiques, lancée à la veille de la tenue du sommet des trois grands bassins foretiers du monde à Brazzaville, les marchands des livres à même le sol ont vu le déclin de leur activité, au grand dam de la population habituée à se procurer les livres de cette manière à des coûts abordables.

A Brazzaville, on retrouvait notamment les ''librairies au sol'' au niveau de l’arrêt Congo pharmacie, non loin du ministère des Finances; sur l’avenue de l’OUA à Bacongo; ou encore au marché Moukondo... A ces endroits, l’on pouvait acheter les livres de différents genres à des prix bon marché et même retrouver d’anciens ouvrages et magazines disparus des librairies. Ces coins historiques sont malheureusement fermés depuis le lancement de l’opération déguerpissement des marchés de fortune. « C’est vraiment triste pour nous vendeurs de voir la disparition de ces adresses. J’exerçais cette activité depuis plus de 15 ans. Au-delà d’être notre gagne-pain, les prix bas de la librairie au sol aidaient de nombreux parents », a confié Christian Malonga, désormais désœuvré.

Cette opération se poursuit avec la campagne « Gardons nos villes propres » lancée le 28 octobre 2023 par ministre délégué, en charge de la Décentralisation et du Développement local, Juste Désiré Mondele. La campagne vise également l’assainissement, la protection de l’environnement et la destruction des marchés de fortune. A ce propos, même le site où les artisans exposaient les tableaux à Congo pharmacie a été lui aussi fermé. « C’est dommage que la police nous interdise d’exposer nos œuvres ici car nous vivons de de la vente de ces tableaux. On comprend l’importance de l’opération, mais la municipalité devrait aussi penser à nous », a confié Aristide Bemba.

Bien que salutaire au regard de certains commerçants qui occupaient anarchiquement les bordures des grandes artères de la capitale, cette opération de déguerpissement n’offrira plus aux passants, particulièrement les citoyens étrangers, l’occasion de voyager en une fraction de seconde dans la profondeur et la splendeur des créations artistiques congolaises.

Si à certains endroits les commerçants n’ont pas pu trouver un meilleur emplacement pour continuer à exercer librement, à d’autres, par contre, le marché des arts est accessible. C’est le cas dans la rue Mbochis, dans le 4e arrondissement Moungali, où les artisans proposent toutes sortes d’œuvres : les tableaux, sculptures, objets de décoration, jeux traditionnels… « Nous continuons d’exposer nos œuvres ici. Il serait vraiment dommage si cette opération touchait aussi notre coin », craint Wilfrid Obaka, artisan. 

Dans le cadre de cette opération, une distanciation de vingt mètres avec les grandes artères doit être observée. Toutefois, au nom de la survie de l’art et de la culture congolaise, les services municipaux devraient implanter des couloirs d’exposition et de vente des œuvres et livres pour permettre, d’une part, aux artisans de ne pas sombrer dans le chômage et la précarité, et d’autre part, à la population locale et étrangère de continuer à se procurer facilement ces articles.

Sarah Monguia et Merveille Jessica Atipo

Légendes et crédits photo : 

La librairie au sol/DR

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