Les souvenirs de la musique congolaise : Jean Serge Essous trois « S », sa vie et son œuvre (1)

Vendredi 9 Février 2024 - 9:46

Abonnez-vous

  • Augmenter
  • Normal

Current Size: 100%

Version imprimable

Flutiste, clarinettiste, saxophoniste, auteur compositeur, chanteur à la voix rocailleuse, Jean Serge Essous a émerveillé les mélomanes du Pool Malebo, d’Afrique, d’Europe et des Caraïbes par la qualité de ses œuvres qui ont marqué une empreinte indélébile dans l’univers musical congolais. 

Jean Serge Essous dit Essous Spritu Makoubila trois« S » Jerry Lopez est né le 15 janvier 1935, à Mossenjo, dans le département du Niari. Aussitôt après le début de ses études primaires, il quitte Mossendjo en compagnie de ses parents venus à Brazzaville à la recherche du mieux-être. Essous y poursuit ses études successivement à l’école Saint-Vincent, à la Grande école de Poto-Poto puis à Mbounda (Dolisie) en 1949. Par la suite, sa mère ayant été désavouée par son père, Essous se retrouve sans soutien.

Il abandonne les études et fait ses premiers pas dans la musique, d’abord à la flûte puis à la clarinette, instruments que lui offre son mentor Marie Isidore Diaboula,  lièvre qui lui met le pied à l’étrier dans le groupe dénommé « Les compagnons de la Joie »,  qu’il crée dans la nuit de la Saint Sylvestre (31 décembre 1951–1er janvier 1952). C'était le creuset de la musique congolaise moderne où se retrouvaient les grandes figures, en l’occurrence Essous Jean Serge, Pandi Saturnin, Kouka Célestin, Lamontha, Shobira Diop et bien d’autres artistes de la galaxie musicale sans oublier les danseuses Angèle Moussounda et Madeleine Nzoumba.

Au fil des mois, le jeune Essous s’est affirmé en tant qu’artiste musicien et a créé en 1954, sous l’impulsion de Joseph Kaba (animateur à Radio Brazzaville et mélomane) le Negro Jazz que l’on peut considérer comme l’ancêtre des Bantous de la capitale, au regard du nombre de ses transfuges. On y trouvait Nino Malapet, Edo Ganga, Kouka Célestin (Bantous de la capitale) Guy Léon Fylla (Makina Loca), Pierre Loukouamoussou (Cercul Jazz).

Le célèbre bar dancing « Chez Faignond », situé dans la rue Mbaka, à Poto-Poto, était à l’époque le plus haut lieu de la vie, du plaisir, de la danse et où les ambianceurs se retrouvaient pour savourer la bonne musique mardi, jeudi, samedi et dimanche.  Bar où s’est tenu le premier concert du Négro Jazz, jumelé avec l’African Jazz en présence de Joseph Kabasele, Edo Clari, Isaac Musekiwa et Tino Baroza sans oublier les associations féminines ou Moziki « La violette » et « Bana pause » auxquelles le Negro Jazz dédiait une chanson de gloire, véritable baptême de feu. L’ambiance était au zénith au bar Faignond pris d’assaut par les ambianceurs. C’était l’apothéose.

Dans la foulée, le Negro Jazz, dont les têtes d’affiche étaient Jean Serge Essous, Edo Ganga, Pandi Saturnin, Kouka Célestin, accompagnés d’un groupe de danseurs dont Emile Gentil, Germaine Ngongolo, séjournaient pendant six mois à Léopoldville. Les prestations du Negro Jazz  dans cette ville étaient couronnées de succès et Jean Serge Essous en profitait pour enregistrer aux éditions Loningisa sa première chanson intitulée « Se Pamba ».

Il sied de signaler qu’Essous, au cours de son parcours musical, fut également à l’origine de la création de l’orchestre Rock à Mambo avec Rossignol, en 1956, où il excellait avec brio dans les titres « Bayila », « Sérénade sentimentale », « Essous simba ngai ». La chanson « Bayila » d’Essous alias Jerry Lopez comme on l’appelait à Léopoldville était un rythme tcha tcha tcha ! (chantée en espagnol). Essous fut le premier artiste musicien qui introduisit pour la première fois la danse tcha tcha tcha dans la musique congolaise.

Véritable coup de maître, ce tube a connu une gloire immense à Léopoldville, tous les bars dancing vibraient à son rythme. Obnubilé par le succès de cette œuvre, le patron des éditions Loningisa offrait une Vespa qui était un objet de luxe et de grande valeur à l’époque et qui avait permis à Essous de s’illustrer dans toute la ville lors de ses balades.

« Bayila », œuvre grandiose, avait hissé Jean Serge Essous dans les hautes sphères de la notoriété à Léopoldville. A suivre…

Auguste Ken Nkenkela

Légendes et crédits photo : 

Jean Serge Essous trois « S »/DR

Notification: 

Non