Environnement : le rapport 2024 « Perspectives des ressources mondiales » tire la sonnette d’alarme

Vendredi 8 Mars 2024 - 14:04

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Selon un rapport publié par le groupe d’experts international sur les ressources du Programme des Nations unies pour l’environnement, l’extraction des ressources naturelles de la terre a triplé au cours des cinq dernières décennies, en raison de la construction massive d’infrastructures dans de nombreuses régions du monde ainsi que des niveaux élevés de consommation matérielle, en particulier dans les pays à revenu moyen supérieur et à revenu élevé. Selon ces experts, l’extraction de matériaux devrait augmenter de 60 % d’ici à 2060 et pourrait entraver les efforts déployés pour atteindre les objectifs mondiaux liés au climat, à la biodiversité et à la pollution, mais aussi à la prospérité économique et au bien-être humain.

Le rapport 2024 « Perspectives des ressources mondiales », élaboré par le Groupe international d’experts sur les ressources et rédigé par des auteurs du monde entier, affirme que des changements politiques radicaux peuvent permettre à l'humanité de vivre selon les ressources disponibles et de réduire d'un tiers la croissance prévue de l'utilisation des ressources, tout en développant les économies, en améliorant le bien-être et en minimisant les effets nocifs sur l’environnement.

Le rapport constate que l’augmentation de l’utilisation des ressources depuis 1970, qui est passée de 30 à 106 milliards de tonnes, ou de 23 à 39 kilogrammes de matériaux utilisés en moyenne par personne et par jour, a des répercussions considérables sur l'environnement. Globalement, l’extraction et la transformation des ressources sont responsables de plus de 60 % des émissions responsables du réchauffement de la planète et de 40 % des effets de la pollution atmosphérique sur la santé.

L’extraction et la transformation de la biomasse (par exemple, les cultures agricoles et la sylviculture) sont responsables de 90 % de la perte de biodiversité et du stress hydrique lié à la terre, ainsi que d'un tiers des émissions de gaz à effet de serre. De même, l'extraction et la transformation des combustibles fossiles, des métaux et des minéraux non métalliques (sable, gravier, argile, etc.) sont responsables de 35 % des émissions mondiales.

Des inégalités fondamentales au cœur de l’utilisation mondiale des ressources

Les pays à faible revenu consomment six fois moins de matériaux et génèrent dix fois moins d’incidences sur le climat que les pays à revenu élevé. L'utilisation des ressources dans les pays à revenu intermédiaire supérieur a plus que doublé au cours des cinquante dernières années en raison de leur croissance, en particulier dans le domaine de l'infrastructure.

La délocalisation des processus à forte intensité d’utilisation de ressources des pays à revenu élevé est également une des raisons de cette croissance. Dans le même temps, l'utilisation des ressources par habitant et les incidences sur l’environnement qui en découlent dans les pays à faible revenu sont restées relativement faibles et pratiquement inchangées depuis 1995.

Dans les pays où les niveaux de consommation sont très élevés, une plus grande attention à la réduction des niveaux de consommation de ressources et de matériaux, en complément d'une action sur l'efficacité de la production et des ressources, peut permettre de réduire d'environ 30 % l'utilisation des ressources mondiales par rapport aux tendances historiques, tout en développant l'économie mondiale, en améliorant les conditions de vie et en restant dans les limites de la planète.

Lorsque l’utilisation des ressources doit augmenter, des stratégies peuvent être mises en place pour optimiser la valeur de chaque unité de ressource utilisée et répondre aux besoins humains par des moyens qui utilisent moins de ressources, de sorte que les bénéfices dépassent de loin le taux d'extraction et que les incidences sur l’environnement et la santé restent conformes aux obligations internationales en matière de climat, de biodiversité et de durabilité.

L'intégration des externalités environnementales au sein des accords commerciaux, le renforcement de la réglementation des marchés financiers des matières premières et la mise en place de politiques d'ajustement aux frontières liées aux incidences sur l’environnement sont quelques-uns des moyens dont disposent les pays pour empêcher un nivellement par le bas des normes environnementales et sociales d’extraction des ressources, et pour maximiser et conserver la valeur des processus d’extraction dans le pays.

Le rapport préconise des actions immédiates, conformément au principe de la « meilleure science disponible », étant donné que de nombreux engagements politiques pris dans le cadre des accords multilatéraux sur l’environnement n’ont pas encore été honorés ainsi qu’au vu de l’urgence de la triple crise planétaire.

Boris Kharl Ebaka

Légendes et crédits photo : 

En pleine extraction de minerais/DR

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