Mois de mars : briser le silence pour combattre les violences faites aux femmes

Vendredi 29 Mars 2024 - 17:45

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Inciter les femmes à délier les langues afin de dénoncer les violences qui leur sont faites, tel est le leitmotiv de l’association Azur développement qui, tous les ans, initie des programmes pour lutter contre ce fléau mais aussi toute forme d’idées qui freine l’épanouissement et le bien-être de la Congolaise. Des efforts récompensés l’an dernier puisque plusieurs voix de femmes se sont levées pour briser le silence.

« Mon père m’a battue et a voulu me faire un touché vaginal quand il a appris que j’avais un petit ami », explique en larmes une jeune fille de 17 ans en classe de première auprès d’Exaucia Aurelna Otomba Ingoba, animatrice locale du bureau d’Azur développement, dans la localité à Nkayi. « Aussitôt saisi de l’affaire, on a convoqué le père qui, suite aux entretiens psychologiques, a finalement avoué qu’il s’était laissé emporter par la colère », rapporte l’animatrice qui reçoit régulièrement ce genre de plaintes.

« Le changement ne s’est pas fait du jour au lendemain. Au départ, les élèves étaient méfiants mais avec le temps, ils se sont libérés et nous parlent d’autres violences domestiques que nous oublions parfois », a confié Exaucia. Elle espère ardemment que cette nouvelle prise de conscience sera suffisamment durable et puissante pour marquer les mentalités en profondeur vu que « la violence, notamment sexuelle faite à la jeune fille, est un crime qui touche non seulement son intimité, mais affecte son enfance et même sa vie d’adulte avec des conséquences palpables comme le suicide, l’addiction aux drogues et la prostitution pour certaines », a informé Exaucia Aurelna Otomba Ingoba. Elle a demandé aux victimes de dénoncer les auteurs des violences pour atténuer ce fléau. « Dénoncer pour briser le silence, certes, mais aussi pour aider la victime à guérir de ses blessures, et surtout à réprimer le désir des auteurs récalcitrants à vouloir de nouveau passer à l’acte », a conseillé Exaucia.

Des séances de sensibilisation dans les écoles, marchés et centres de santé intégrés

Implantée au CQ25 Aquarium de Nkayi, l’association reçoit environ dix plaintes par mois, a-t-elle informé. Des chiffres constants qui ont poussé les bureaux de Nkayi et de Loutété à organiser régulièrement, dans le cadre du projet « Protection des femmes et filles contre les infections sexuellement transmissibles (IST), le VIH/sida, les grossesses précoces et non désirées et violence sexuelle », des sensibilisations dans les écoles, marchés et centres de santé intégrés. Ainsi, 1284 femmes, 2799 filles, 876 hommes et 2306 garçons ont été sensibilisés l’an dernier dans les deux localités. Un projet qui a donné des fruits puisqu’il a permis à l’association d’accompagner des jeunes filles et garçons violentés au sein des ménages, de sensibiliser les femmes vulnérables aux IST, au VIH/sida, et de mettre un accent particulier sur la planification des naissances. « C’est aberrant les idées reçues qui sont véhiculées dans la société en ce qui concerne la transmission du VIH/sida et surtout la prise de la pilule », a fait savoir Exaucia Aurelna Otomba Ingoba, sidérée de constater la carence d’information en ce qui concerne la planification des naissances. Elle a dû déployer toute une stratégie pour convaincre certaines femmes ancrées dans les croyances et traditions à se faire prendre charge.

Le cas de Stella, âgée  de 26 ans, mère de cinq enfants. « Pour Stella, les enfants constituaient une grande richesse et pas question de penser à planifier les naissances. De plus ils rassuraient sa retraite, selon sa belle-famille, difficile de convaincre une telle femme, il fallait donc déconstruire toutes les idées reçues au sein de son entourage », a révélé l’animatrice. Elle est heureuse pour cette bénéficiaire qui suit actuellement une formation, « chose qui n’aurait pas été possible si elle tombait de nouveau enceinte », a fait noter Exaucia, animée d’une sensation de victoire grâce à cette action.

Pour rappel en 2021, Azur développement avait déjà mis en place un projet similaire  à Loutété, Nkayi, Pointe-Noire et Brazzaville avec « Promotion des droits et autonomisation socio-économique des femmes et filles vulnérables ». 4000 femmes et 200 filles avaient bénéficié des formations dans divers secteurs tels que la coiffure, la couture, la mécanique et des aides en nature pour celles qui avaient fait le choix de se lancer dans une activité rémunératrice de revenus.

Berna Marty

Légendes et crédits photo : 

Les femmes participant à la campagne de sensibilisation initiée par Azur développement/Adiac

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