Secteur primaire : Gladice, agricultrice et fière de l’être

Jeudi 4 Avril 2024 - 20:42

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Bout-en-train, Gladice, 36 ans, épouse et mère, passe d’un sillon à un autre arrachant tiges et feuilles mortes sans gants. Elle n’a pas peur de se salir les mains, manipulant la terre avec une aisance après avoir été longtemps gérante d’une alimentation et d’une boucherie à Brazzaville.

Bottes aux pieds, gilet de protection au dos, houe à la main, Gladice laboure son champ sous une grande canicule sans se plaindre. Cette image de la femme heureuse et épanouie dans son activité professionnelle, Gladice Bassinga Tsikebi la défend au quotidien dans ses combats pour la reconnaissance des femmes dans le secteur de l'agriculture. « Je ne dirai pas que c’est rose tous les jours, mais c’est un métier où si tu travailles, tu t’en sors plutôt bien », explique calmement Gladice qui, au début de sa reconversion, rentrait fourbue à la maison. « Certains m’ont même encouragée à retourner à mes casseroles parce qu’ils ne croyaient pas que je j’allais pouvoir tenir. Mais personne ne me nourrit ni prend soin de ma famille, alors ce que pensent les autres m’effleure même pas », déclare Gladice. Elle ne tient pas compte des railleries de son entourage et se lance dans l’agriculture.

« Après la covid-19, mes deux activités phares (alimentation et boucherie) avaient pris un coup. Après moult réflexions, je me suis lancée dans le maraîchage », explique la jeune cultivatrice, encouragée par son mari qui vient d’une famille de cultivateurs. « Au départ, ils m’ont donné un terrain que j’exploitais sans conviction et puis, au fil des jours, je suis tombée amoureuse de la terre et d’un commun accord avec mon mari, nous nous sommes lancés dans cette activité en venant nous installer à Kinkala puisque nous y avons nos terres », a informé Gladice. Elle apprend tous les jours au contact du sol.

« En 2019, on décide de venir vivre à Kinkala, un grand choc pour nos enfants qui étaient parfois obligés de nous prêter main forte au moment de la récolte. Je voulais leur transmettre ma passion et leur montrer que le métier d’agriculteur n’est pas uniquement réservé à ceux qui n’ont pas réussi dans la vie », a précisé Gladice. Elle veut effacer les stéréotypes émis sur l’agriculteur conventionnel. « Pour le commun des mortels, un cultivateur c’est celui qui a les habits sales et déchirés, très souvent analphabète, et ayant peu de revenus », a fait savoir la cultivatrice, heureuse de montrer le contraire à son entourage. « On a saigné pour sarcler ici. Avant c’était une grande forêt, ensuite il a fallu mettre un système d’irrigation, créer une piste pour nous permettre d’accéder facilement à notre site », a indiqué Gladice qui a bénéficié d’une formation récemment à Grand-Est Solidarité et coopération pour le développement(Gescod) sur l’aviculture et a reçu quarante-deux poulettes et huit pondeuses en plus des aliments de bétail. « En dehors de l’aviculture, on a aussi été formé en gestion financière ou j’ai énormément appris car l’agriculture c’est aussi la paperasse… », a-t-elle expliqué. Elle a été merveilleusement surprise par la disponibilité des formateurs qui font régulièrement le travail de suivi sur le terrain. « C’est à notre avantage car nous pouvons leur soumettre nos inquiétudes et ils apportent des éclaircissements en fonction de nos soucis. Cela nous permet d’avoir de bonnes productions », a ajouté Gladice. Lors de la récolte, elle se charge sans complexe de la vente à la criée au marché Total.

Enfin, entre pisciculture, aviculture, maraîchage et bientôt la porciculture, Gladice est présidente de la coopérative Union fait la force pour le développement, constituée de quatre femmes et d’un homme. Ils travaillent en étroite collaboration avec des tâches bien reparties. « On est tous complémentaire, mais sur le plan de l’élevage, c’est mon mari qui est le technicien vu qu'il a plus de connaissances. Mais quand il y a des propositions de formation comme celle qu’a organisée Gescod, on demande à celle qui est intéressée d’y prendre part et c’est à elle qu’incombe la responsabilité de former les autres une fois de retour au site », a longuement expliqué Gladice. Elle espère convaincre les femmes de son entourage à se mettre au travail car « il n’y a pas de sot métier, mais il n’y a que de sottes gens ».

Berna Marty

Légendes et crédits photo : 

Gladice Bassinga Tsikebi en plein dans son travail d'agricultrice /Mirna Kintombo

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