Interview. Rudy Kazi Matsika: " La République du Congo gagnerait à communiquer davantage sur ses potentialités économiques"

Mardi 9 Avril 2024 - 8:45

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Les élus de la diaspora congolaise en France ont participé au rendez-vous de Brazzaville international youth forum (Bilyf), du 28 au 30 mars dernier, par l’entremise de leur délégué Rudy Kazi Matsika. Le thème de ce rendez-vous était "L’agriculture et l’innovation au service du développement de l’Afrique". Entretien.

Rudy Kazi Matsika

Les Dépêches de Brazzaville (L.D.B.) : Quel a été votre apport à cette édition de Bilyf 2024 ?

Rudy Kazi Matsika ( R.K.M.) : Je saisis cette occasion pour saluer Précieux Massoueme, président du comité d’organisation, pour cette excellente initiative autour de la jeunesse. De surcroît, je remercie la présidence de la République du Congo et la primature pour le soutien apporté quant à la concrétisation d’une telle rencontre citoyenne. Le fait de participer à cet événement a suscité en moi un symbole fort. Il y a trois ans, presque jour pour jour, c’est dans la même salle du Palais des congrès que mon grand-père, feu Aimé Matsika, recevait l’hommage national de la part du président Denis Sassou N’Guesso. Tout en ayant cette fierté républicaine dans un coin de ma tête, j’ai participé en apportant mon expérience en tant que jeune vivant hors du Congo. Par des témoignages, j’ai transmis mon vécu à la jeunesse congolaise et, par extension, à la jeunesse africaine présente à cette rencontre. J’ai également encouragé les jeunes à s’engager pour leur pays. Un engagement qui consiste à sortir d’un confort personnel pour s’employer à agir pour l’autre : passer du « moi » au « nous », de l’individuel à l’universel. Un engagement pas uniquement politique au sens électoraliste du terme, mais un engagement citoyen en premier lieu. Pour les jeunes, le fait d’avoir un apport social conséquent dans la société, dans la localité et sur la population au niveau de l’égalité des chances, de l’ascenseur social, l’accès aux soins ou d’améliorer le droit commun. Pour résumer, j’ai exprimé notre apport au sens de cette appréciation holistique de l’engagement.

 L.D.B. : Comment comptez-vous matérialiser les résolutions à l’issue de cette rencontre ?

R.K.M. : Les participants ont recommandé aux gouvernements davantage de proximité et de formations, notamment dans les domaines agricoles pour les jeunes, ainsi que des mécanismes d’accompagnement permettant de développer une chaîne de valeur pour mieux exploiter les terres arables disponibles sur le continent. À notre niveau de l’Association des élus de France et élu municipal dans la région parisienne, nous nous tenons à la disposition des organisateurs pour agir dans le cadre de la coopération décentralisée. Outre ce dispositif, à titre personnel, je pense qu’un réseau d’acteurs engagés dans différents secteurs d’activités aux capacités d’actions élargies doit se constituer pour mettre à disposition des sociétés civiles africaines une plateforme opérationnelle et de conseil pour mener à bien les projets à valeur ajoutée, des projets « d’impact ».

L.D.B. : Avant de vous rendre au Congo, vous avez assisté à l’implantation de l’antenne de l’Agence congolaise pour l’emploi (ACPE) à Paris. Que pensez-vous de cette initiative ?

R.K.M. : L’initiative de l’ACPE me paraît intelligente et encourageante. « Intelligente » parce qu’il est normal qu’une nation souveraine comme la République du Congo ait le loisir de puiser dans sa diaspora établie dans des pays développés pour participer à son économie, tout autant qu’elle le fait avec les résidents congolais. « Encourageante » parce que présenter les opportunités professionnelles du pays à l’international va dans le sens de promouvoir et de valoriser le Congo. Je suis impliqué dans les différentes diasporas africaines en France du fait de mes origines africaines avec l’objectif de créer des ponts entre l’Afrique et la France, et je milite pour que les diasporas, composées de citoyens africains mais aussi de citoyens français d’origine africaine, deviennent les nouveaux agents de médiation et de coopération entre l’Afrique et la France, entre la France et l’Afrique. Et constatant le dynamisme des autres diasporas africaines ou des diasporas asiatiques en Europe, je me dis que la République du Congo gagnerait à communiquer davantage sur ses potentialités économiques existantes en matière d’agriculture, d’infrastructure, d’industrie, d’ingénierie, d’énergie, d’éducation et d’instruction, etc., en s’appuyant sur une diaspora congolaise avisée et structurée afin d’attirer des investissements et des capitaux.

Moi, je suis de ceux qui veulent un Congo fort, une Afrique forte et une France forte œuvrant pour un partenariat préférentiel dans un registre de réussite mutuelle, interdépendante. Du gagnant-gagnant, du win-win.

 

 

Propos recueillis par Marie Alfred Ngoma

Légendes et crédits photo : 

Rudy Kazi Matsika

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