Les immortelles chansons d’Afrique : « Beli Mashakado » de Mbuta Mashakado

Vendredi 12 Avril 2024 - 9:55

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Mbuta Mashakado alias Yaya Brown s’est fait connaître dans le gotha musical congolais par son style de danse fluide, sensuel et expressif, issu du Jerk et du Yéyé. Auteur-compositeur et chorégraphe talentueux, il sort « Beli Mashakado », un véritable régal auditif. 

Le morceau enregistré en août 1975 et paru en janvier 1976, sous la référence M 01 grâce aux éditions « Mashakado », a connu un succès immédiat. En effet, c’est à son retour de Zaiko que Yaya Brown, après un détour dans Isifi Lokole, retrouve l’attaque chant de ce groupe complètement flétri par le départ de ses grandes pointures. Ainsi, il passera de la pop à la rumba. Cette œuvre de bonne facture nous embarque dans la vie sentimentale de son auteur. Elle montre à quel point l’amour peut résister dans un environnement hostile. « Ce titre a été écrit parce que mon père, le nommé Paul Belito, dit Tâ Polo, s’était farouchement opposé à notre amour », nous a expliqué Philomène Belito, alias Beli Mashakado.

« Bapekisi ngai nalinga ye, nzoka baluki nakoma malheureux.  Bapekisi ye alinga ngai, nzoka bakoyeba te ce n’est pas possible. Nzoto na ngai mpe l’amour emipesa na ye ». Comprenez: «  Ils m’ont interdit de t’aimer,  ils veulent que je devienne malheureux. Ils l’ont interdite de m’aimer, alors qu’ils ne savent pas que ce n’est pas possible. Car mon corps, mon amour lui appartiennent ». En outre, des phrases comme : « boyebaka ngai namipesa na ye », autrement dit « Sachez que je me suis totalement donné à elle » ; ou encore « Atako bopekisi nakoboya ye te », « même si vous vous opposez, je ne la quitterai pas » ; démontrent sa détermination. Grâce à sa bravoure, leur amour triomphera. Quatre enfants naîtront de cette union : Patrick, Brigitte, dit Mabita, Tanya et Steeve. 

Cette aubade s’ouvre par une entrée instrumentale dominée par le jeu de guitare solo de Manuaku, soutenu par la basse de Mwaka Mbeke Oncle Bapius, la rythmique de Teddy Sukami, la batterie d’Ilo Pablo avant que ne résonne un chœur polyphonique constitué de Mbuta Mashakado, Nyoka Longo, Lengi Lenga et Likinga. Cette attaque chant rénovée a revigoré Zaiko.

Né le 10 mars 1952, Dieudonné Samuel Mpoyo Nzolantima a été influencé par James Brown et Wilson Pickett. Il débute dans Zaiko comme chanteur Pop en 1969. En 1976, il quitte Zaiko pour Yoka Lokole et il sera recruté par Rochereau dans l’orchestre national du Zaïre pour le Festival des arts Nègres tenu à Lagos en 1977. Lors de ce festival il plonge des milliers des spectateurs dans un état de délire. En 1978, il repart dans Zaiko. En 1980, il va  poursuivre ses études industrielles à Caen, en France. En 1981, il est cofondateur de l’orchestre La Geneva. Il crée par la suite l’orchestre Madinga. En 1986, il regagne Kinshasa. Sa tentative de regagner Zaïko échouera. Des années après, il se convertira au christianisme.

Décédé le 22 juin 2011, Mbuta Mashakado est le premier à exécuter les pas du rythme Cavacha. Ses jeux de pieds époustouflants, ses patinages rarement égalés, son charisme sur scène ont fait de lui l’un des meilleurs danseurs de sa génération.    

Frédéric Mafina

Légendes et crédits photo : 

Mbuta Mashakado

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