Assurance : l’importance des flux financiers des diasporas africaines

Mardi 16 Avril 2024 - 22:15

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Une étude vient de mettre en évidence l’importance des flux financiers des diasporas dans les économies africaines en émergence, en particulier dans le secteur de l’assurance.

Les envois de fonds des migrants stimulent la demande d’assurance non-vie tandis que les investissements directs étrangers (IDE) favorisent la pénétration de l’assurance-vie. Entre effets complémentaires, de substitution et des variations selon les pays, l’étude souligne la nécessité d’approches adaptées aux réalités locales. Les flux financiers issus des diasporas jouent un rôle crucial dans les économies africaines émergentes. Selon une étude d'Afreximbank réalisée dans trente-trois pays émergents, deux points sont à retenir:  les envois de fonds des migrants et les IDE. Si leur impact sur le développement économique global n’est plus à démontrer, leur influence sur un secteur clé comme l’assurance révèle des dynamiques complexes et nuancées. En 2020, les trois principaux pays africains bénéficiaires des transferts de fonds de leur diaspora étaient l’Égypte (28,30 milliards $), le Nigeria (20,10 milliards $) et le Maroc (11,20 milliards $).

En pratique, les envois de fonds ont un double effet sur le marché africain de l’assurance. D’une part, ils semblent stimuler la demande en produits d’assurance non-vie (automobile, habitation...), avec un effet complémentaire ; d’autre part, un effet de substitution s’opère dans l’assurance-vie, particulièrement dans les pays les plus pauvres. Les fonds envoyés par la diaspora permettent à la population de pallier partiellement ou totalement l’absence de couvertures maladie ou décès. À l’inverse, les IDE favoriseraient la pénétration de l’assurance-vie, contribuant à l’essor de ce segment en complément des envois de fonds. Une différence qui souligne la nécessité d’approches ciblées, adaptées aux réalités locales, les effets variant d’un pays à l’autre. Dans les économies à revenu faible (Malawi, Tanzanie, Ouganda), la relation de substitution domine pour l’assurance-vie. Mais un effet complémentaire apparaît pour l’assurance non-vie, que les transferts de fonds stimulent.

Des pistes à exploiter : « Imagination is the limit »

Les pouvoirs publics, avec le soutien des institutions financières internationales, sont appelés à imaginer des approches inventives. Le développement de produits d’assurance ciblant les diasporas, comme des polices rapatriement ou des régimes d’épargne adossés à leurs revenus, pourrait s’avérer payant. Des mécanismes d’incitations fiscales visant à rediriger leurs investissements vers le secteur assurantiel local constituent également une piste prometteuse. L’essor de mutuelles villageoises articulées autour des flux diasporiques permettrait de stimuler l’inclusion financière de la population rurale, tout en favorisant la pénétration de solutions assurantielles accessibles. Pour l’étude, exploiter la complémentarité entre les différentes natures de transferts financiers et concevoir des cadres incitatifs constitue un enjeu majeur pour développer des marchés d’assurance viables en Afrique. De la consolidation de ce secteur dépendent la stabilité financière des entreprises et ménages et la poursuite d’une trajectoire de croissance économique durable et inclusive sur le continent, poursuit l’étude. S’appuyant sur les atouts des diasporas africaines, l’ingénierie financière innovante retenue apporte une réponse concrète aux défis de développement d’un secteur assurantiel dynamique et adapté aux spécificités des différentes économies du continent.

Noël Ndong

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