Kokutan’art acte 5 : des regards croisés pour réimaginer l’AfriqueJeudi 8 Mai 2025 - 22:59 Le rideau s’est levé le 6 mai sur la 5e édition du Festival international de la photographie d’auteur de Brazzaville, Kokutan’Art, sous le signe de la créativité et de l’engagement visuel. Le thème de cette édition, « Afrotopiques : réimaginer les possibles», a donné le ton d’un vernissage vibrant, où les regards croisés des photographes venus du continent et d’ailleurs ont ouvert de nouvelles perspectives sur l’Afrique contemporaine.
Les photographies du Canadien d’origine haitienne, Phillipe Blondel, intitulées « Nassara », nous plongent dans le quotien sahélien au Burkina Faso où, depuis trois ans, il capture l’intimité des vies marquée par l’ordinaire et l’incertitude. Son travail traduit ses préoccupations face aux bouleversements du monde et aux défis qui attendent les génerations futures. Il a été temoin des désespoirs et désillusions d’une jeunesse en quête de renouveau dont le pays avait été secoué par plusieurs coups d’Etat, plongeant le Burkina Faso dans une instabillité grandissante. « J’ai habité avec un ami dans sa case avec sa famille. De façon très naturelle, les images se sont créées. Les enfants jouaient avec les cameras et moi aussi. Par conséquent, nous avons créé ces images ensemble », a affirmé l’artiste. « Les invisibles de la termitière » et « Rêve de l’au-delà » de la Béninoise Eliane Aisso sont deux thématiques liées à l’invisible. D’une part, les invisibles de la termitière s’intéressent à leurs rôles spirituels perçus comme des refuges au Bénin. Ce travail photographique en clair-obscur revisité examine la relation entre l’humain et ses architectures naturelles sacrées. D’autre part, « Rêve de l’au-delà » questionne la réincarnation et la continuité des aspirations après la mort à travers la divination du Fa chez les Fon et Yoruba. Quant à « Ekonen», ces photographies du Sud-Africain Sibusiso Bheka peignent les violences, la pauvreté, la criminalité et les abus qu’a fait face la population Sud-africaine dans les années 1991 et qui, jusqu’à lors, subit encore les sequelles de cette époque. L’artiste immerge dans cette réalité pour dépasser les stéréotypes et reveler la complexité de la vie quotidienne. Il photographie la nuit où se mêlent ambiance, danger, rêves et opportunités. Ses œuvres mettent en avant la lumière et les couleurs, en l’occurrence les teintes jaunes et oranges des lampadaires installés sous l’apartheid pour surveiller les habitants. Kokutan’Art s’impose désormais comme une plateforme incontournable pour penser l’Afrique par l’image, hors des stéréotypes et des récits figés. À travers les objectifs de ces artistes, c’est un continent qui se raconte, se projette, se rêve autrement. L’exposition se poursuit jusqu’au 6 juin, avec des ateliers, des projections et des rencontres qui prolongeront la réflexion. « Réimaginer les possibles », c’est aussi réapprendre à voir. Et Kokutan’Art en fait l’éblouissante démonstration. Divine Ongagna Légendes et crédits photo :Les photographies du Canadien d’origine haïtienne, Phillipe Blondel Notification:Non |