Conflits et catastrophes: 2024, une année record de personnes déplacées dans le monde

Les conflits et les catastrophes naturelles ont poussé le nombre de personnes déplacées à l’intérieur de leur pays de franchir un nouveau niveau record de 83,4 millions à la fin de 2024, selon un rapport annuel. Le nombre de déplacés a bondi de 50% au cours des six dernières années, précisent l'Observatoire des situations de déplacement interne (IDMC) et le Conseil norvégien pour les réfugiés (NRC), dans leur rapport conjoint. Selon la directrice de l’IDMC, Alexandra Bilak, " le déplacement interne est l'endroit où se croisent conflit, pauvreté et crise climatique, et qui frappe les plus vulnérables de plein fouet". Contrairement aux réfugiés qui fuient un pays pour s'installer ailleurs, les déplacés sont des personnes qui ont dû partir mais qui restent dans leur pays.

90% des déplacements forcés liés aux violences et à des conflits

Le nombre de pays signalant des déplacements dus à la fois aux conflits et aux catastrophes a triplé en quinze ans. Plus des trois-quarts des déplacés internes en raison de conflits vivent dans des pays très vulnérables au changement climatique. Les catastrophes ont obligé près de 10 millions de personnes à fuir et à s'installer ailleurs, un chiffre qui a doublé en cinq ans. Près de 90% de ces déplacements forcés sont dus aux violences et aux conflits. Ils concernent 73,5 millions de personnes, un chiffre en augmentation de 80% depuis 2018. Fin 2024, dix pays comptaient chacun plus de trois millions de déplacés internes dus aux conflits et aux violences. Avec 11,6 millions de déplacés, le Soudan compte le plus grand nombre de ces personnes jamais enregistré dans un seul pays, souligne le rapport. Presque toute la population de la bande de Gaza était également déplacée fin 2024, avant même les nouveaux déplacements massifs provoqués par la reprise des bombardements israéliens, le 18 mars, après la fin d'une trêve de deux mois.

A eux seuls les États-Unis comptabilisent 11 millions de déplacés  

Confrontés à plusieurs ouragans majeurs comme Helene et Milton, les États-Unis ont comptabilisé à eux seuls 11 millions de déplacements liés à des catastrophes naturelles. Soit près d'un quart du total mondial. Les phénomènes météorologiques, souvent aggravés par le changement climatique, ont provoqué 99,5% des déplacements dus à des catastrophes en 2024. Ces chiffres alarmants surviennent au moment où les organisations humanitaires sont en difficulté en raison du gel par Donald Trump de la majorité de l'aide financière américaine. Des coupes budgétaires touchent les déplacés, qui reçoivent généralement moins d'attention que les réfugiés. "À chaque fois qu'un financement est coupé, un déplacé n'a plus accès à la nourriture, aux médicaments, à la sécurité et perd espoir", a  averti le directeur du NRC, Jan Egeland.