Vie professionnelle : repenser la valeur « travail »Jeudi 15 Mai 2025 - 23:07 Le mois de mai, dont le premier jour se veut reconnaître et célébrer l'effort des travailleurs au quotidien, une sueur qui fait tourner l'économie mondiale et rythme la vie sociale, ne met pas encore suffisamment en exergue, en République du Congo, les défis que rencontrent les petites mains de la lumière au quotidien, dans leurs ruches et dans leurs fourmilières.
Combien sont ceux qui sortent de chez eux, et pour une simple question de survie ont renoncé à leurs rêves, à leurs projets de grandeur, à leurs illusions, contraints par le besoin, la nécessité, l'obligation de nourrir leurs familles, placer un repas sur la table à midi ? Combien sont obligés de supporter un patronat qui ne se révèle pas toujours bienveillant, qui poursuit l'intérêt, le gain sans prendre en considération les droits et besoins des petites mains qui contribuent à l'édification de ce projet qui n'est foncièrement pas le leur? Combien sont obligés de travailler dans des conditions rudes, inhumaines, mettant en danger leur santé, leur espérance de vie, résoudre l'équation du jour étant devenu plus important que de résoudre l'équation d'une vie ? Comment expliquer le fait qu'un employeur qui s'engage à dédommager en terme de salaire le service qui lui est rendu par un employé puisse simplement se dérober à ses devoirs ? Combien sont les secteurs d'activité, essentiels ou accessoires, qui sont aujourd'hui paralysés dans leur fonctionnement parce que les employeurs ne se contraignent plus à leur engagement moral et légal ? Si l'on pouvait encore s'émouvoir de voir des retraités, patriarches et baobabs de leurs familles, sous le soleil de midi devant les bâtiments institutionnels de la ville, avec ustensiles de cuisine et instruments de musique, véritables instruments de bruit improvisés, réclamer leur dû, aujourd'hui, au Congo, le travailleur est devenu un retraité avant l’heure, qu’il soit dans l'étatique ou dans le privé, la situation étant doublement anormale, problématique. Qu'adviendra-t-il si le travailleur quel qu'il soit, quel que soit son domaine d'activité décide simplement que la survie n'est pas censée être un mode de vie et investisse son énergie dans un autre type de survie qui aurait tout de même l'avantage de l'emmener vers une terre promise ? Prôner le développement est une chose, traiter comme il se doit les petites abeilles dans les ruches, les fourmis dans leurs fourmilières est encore la moindre des choses. Cela va de soi. L'avenir ne se construit pas sur de simples promesses, sur des pratiques bien recyclées de démagogie. Ce sont les actes qui mènent au changement. Rien en dehors.
Princilia Pérès Légendes et crédits photo :Illustration Notification:Non |