Menace de la paix mondiale : l'Afrique plaide pour une interdiction totale des armes nucléaires

Vendredi 23 Mai 2025 - 22:30

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Dans un contexte de montée des tensions géopolitiques marqué par la guerre en cours entre la Russie et l’Ukraine et les enjeux stratégiques entre les États-Unis, l’Otan et la Russie concernant la sécurité en Europe, la question des armes nucléaires retrouve une place centrale dans les préoccupations mondiales.

Récemment, la Russie a ouvertement menacé d'utiliser des armes nucléaires, tandis que le Royaume-Uni et la France envisagent d'augmenter rapidement leurs stocks d'armes nucléaires. L’Allemagne, la Pologne, la Suède, la Finlande, la Corée du Sud et le Japon cherchent à se doter d'armes nucléaires. Des quantités de débris projetés dans l'atmosphère bloqueraient la lumière du soleil, entraînant une chute brutale des températures mondiales. Il serait beaucoup plus difficile de cultiver des denrées alimentaires dans le monde entier. L’Afrique serait particulièrement touchée. La sécurité alimentaire du continent serait gravement menacée. Ce qui pourrait entraîner des migrations massives, perturber les chaînes d’approvisionnement et provoquer l’effondrement des structures qui assurent l'ordre public. Face à cette menace croissante, comment les pays africains peuvent/doivent-ils réagir ?.

Une occasion historique pour l’Afrique de faire contrepoids

Excepté le Soudan du Sud, tous les États africains respectent le traité sur la non-prolifération des armes nucléaires. Il s'agit d'un accord international qui limite cette prolifération. De plus, quarante-trois États africains sont allés plus loin en adhérant au Traité de Pelindaba qui établit une zone exempte d'armes nucléaires sur le continent. Ce traité a été négocié avec la conviction qu'il « protégerait les États africains contre d'éventuelles attaques nucléaires sur leur territoire ». Alors que les conflits et l'incertitude poussent de nombreux dirigeants occidentaux à soutenir la course aux armes nucléaires, les dirigeants africains ont une occasion historique de faire contrepoids. La participation massive des États africains à ce traité offre au continent un levier pour répondre frontalement aux risques liés aux armes nucléaires.

Un monde fragmenté

D'un côté, les États dotés d'armes nucléaires s'accrochent à la dissuasion pour assurer leur sécurité nationale. Ils insistent sur le fait que la possession d'arsenaux nucléaires les met à l'abri (États-Unis, Russie, Royaume-Uni, Chine, France, Inde, Pakistan, Israël et Corée du Nord) car ils possèdent 12 331 têtes nucléaires en 2025. L'utilisation de 10 % de ces armes pourrait perturber le climat mondial et menacer la vie de 2 milliards de personnes. De l'autre côté, les pays africains et d'autres États non dotés d'armes nucléaires dénoncent les dangers inacceptables que fait peser la dissuasion nucléaire sur l’ensemble de la communauté internationale. Cette majorité mondiale défend l'idée que la véritable sécurité passe par l'élimination des menaces nucléaires. En mars dernier, dix-sept pays africains ont officiellement reconnu que la dissuasion nucléaire constituait une préoccupation majeure en matière de sécurité.

Pour les Etats non nucléarisés, il est inacceptable qu’ils soient exposés à des risques nucléaires qu’ils n’ont ni provoqués ni approuvés, et pour lesquels personne ne rend compte. Leur élimination constitue une priorité légitime et relève pleinement de la responsabilité des États. Ils considèrent que l'élimination des risques nucléaires « est une préoccupation et une responsabilité nationale primordiales et légitimes ». Ils ont appelé les États dotés d'armes nucléaires à y mettre fin. La dégradation de l’environnement sécuritaire mondial est telle qu’un changement notable s’opère dans la manière dont les États parties au Traité d'interdiction perçoivent la menace nucléaire.

La menace nucléaire et la sécurité nationale

Le désarmement nucléaire n'est plus seulement une préoccupation humanitaire ou morale pour ces États, c'est désormais une question de sécurité nationale. A titre de rappel, les essais nucléaires dans le désert du Sahara dans les années 1960, lorsque la France a fait exploser des bombes nucléaires en Algérie, ont eu des conséquences dévastatrices : la contamination radioactive généralisée a causé des problèmes de santé durables, déplacé la population et laissé de vastes zones endommagées sur le plan environnemental et dangereuses pour les générations futures. Lors des discussions, les délégués ont demandé si leurs propres préoccupations en matière de sécurité nationale avaient moins de valeur que celles des États dotés d'armes nucléaires. Les dirigeants africains, aux côtés de leurs alliés signataires du Traité sur l’interdiction des armes nucléaires, cherchent à redéfinir ce que signifie réellement la « sécurité nationale » à l’ère nucléaire. Ils ont fait le choix de placer la vie humaine, le développement et le droit international au-dessus de la menace d’une force destructrice.

Noël Ndong

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