Rossotrudnitchestvo : quand la culture et l’éducation tissent le lien Russie-Afrique

Le dialogue, animé en ligne par le directeur de l’agence Rossotrudnitchestvo, Evgueni Primakov, a rassemblé des journalistes issus de près de quinze pays africains, dont la République du Congo. Un thème central a guidé les échanges : « Coopération russo-africaine : élargissement géographique et nouveaux projets ». Il y a été question de bourses d’études, de sécurité alimentaire, mais aussi et surtout du rôle croissant des Maisons russes comme moteurs culturels et éducatifs de cette coopération.

Maria Fakhrutdinova, directrice de la Maison russe au Congo, a salué cette initiative qui permet une communication directe entre Moscou et les journalistes africains. Une occasion pour chaque pays de faire remonter les préoccupations locales.

Les Maisons russes : des ponts culturels et éducatifs sur le continent

Présentes dans plusieurs pays africains, notamment en Centrafrique, en Égypte, au Maroc, en Tunisie, au Niger, en Zambie ou au Congo, les Maisons russes sont bien plus que de simples centres culturels. Véritables interfaces de la diplomatie publique, elles diffusent la langue, la culture, la mémoire et les savoirs russes dans une logique d’échange et de dialogue.

À Brazzaville, Maria Fakhrutdinova témoigne du rôle central de cette structure dans le rapprochement entre la Russie et la société congolaise. « C’est ici que se concrétisent les partenariats éducatifs, que les étudiants déposent leurs dossiers de bourse, que les journalistes découvrent les outils du métier via des stages, et que le public explore notre culture », a rappelé la directrice de la Maison russe aux journalistes locaux.

Dans ce contexte, l’agence Rossotrudnitchestvo prévoit d’ouvrir de nouvelles Maisons russes en Afrique. « Nous avons des projets d’ouverture prochaine de Maisons russes officielles en Angola, nous sommes également en négociation au Mali, et un centre est en cours de préparation en Algérie. Rossotrudnitchestvo n’a pas de priorités en terme de pays, nous sommes prêts à travailler aussi bien dans les zones francophones qu’anglophones du continent », a indiqué Evgueni Primakov lors de la conférence de presse.

Mais la mission des Maisons russes ne s’arrête pas à l’éducation formelle. Elles accueillent également des événements artistiques, des expositions, des projections, des concours, des débats, des cours de langue et de civilisation, tout en conservant une mémoire partagée.

L’éducation comme passerelle entre les peuples

La Russie accorde une attention particulière à la formation académique des jeunes africains. Chaque année, des milliers de bourses sont offertes à travers le continent. Rien qu’au Congo, environ 250 bourses sont octroyées annuellement dans des domaines aussi variés que la médecine, l’agriculture, l’ingénierie ou les sciences sociales. Cette dynamique est coordonnée depuis les Maisons russes qui accompagnent les candidats et favorisent leur intégration dans les établissements russes.

Cette politique éducative s’inscrit dans une vision à long terme : former une génération d’acteurs africains capables de contribuer au développement de leurs pays avec des compétences solides acquises dans les universités russes. C’est le sens du programme Nouvelle génération, lancé en 2011, qui permet à de jeunes leaders, journalistes, chercheurs ou professionnels africains de partir pour la Russie. Ces séjours, parfois d’une ou deux semaines, favorisent un enrichissement mutuel, le partage d’expertise et la création de réseaux professionnels transcontinentaux.

Au-delà de l’éducation, Primakov a rappelé le soutien de la Russie à l’égard de plusieurs pays africains pour faire face à la sécurité alimentaire, aux multiples conflits auxquels le continent est confronté et le rôle que peut jouer la Russie dans le transfert de technologies agricoles, l’envoi d’aide humanitaire et le soutien à la résilience des systèmes locaux.

Notons que cette conférence virtuelle s’est tenue dans un contexte symbolique : le centenaire de Rossotrudnithestvo et le 80^e anniversaire de la victoire soviétique lors de la Seconde Guerre mondiale. À travers cette double commémoration, la Russie réaffirme sa solidarité historique avec les peuples africains, tout en renouvelant son ambition de bâtir une coopération fondée sur le respect mutuel, le développement humain et la souveraineté partagée.