Déclaration du gouvernement à l'occasion de la 62e Journée internationale de l’Afrique

Lundi 26 Mai 2025 - 18:10

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Brazzaville, le 25 mai 2025

Jean-Claude Gakosso, Ministre congolais des Affaires étrangères, de la Francophonie et des Congolais de l'étranger au XIXe sommet de la FrancophonieMesdames et messieurs !

La commémoration du jour anniversaire de la création de l’OUA, devenue Union africaine, nous donne à nouveau l’occasion non seulement de réaffirmer notre détermination à bâtir un avenir meilleur pour notre beau continent, mais aussi de sublimer notre héritage culturel, précieux legs de riches civilisations millénaires, variées, forgées par nos aïeux.

Cette commémoration revêt cette année un cachet particulier, par la singularité de son thème qui proclame (je cite): « Justice et réparations pour les Africains et les personnes d’ascendance africaine ».

Ce thème, qui a été adopté lors du 38e  sommet des chefs d’Etat et de gouvernement des pays membres de l’Union africaine, tenu à Addis-Abeba, en février dernier, convoque la mémoire collective à revisiter l’une des pages les plus sombres de l’histoire de l’humanité, une page que personne n’a le droit d’oublier, à savoir la déportation massive des Africains vers les Amériques et leur cruelle soumission à un esclavage brutal. Mais cette page est aussi celle de l’épopée de leur résistance héroïque face à leurs bourreaux.

Ce thème vient donc rappeler le souvenir d’un crime longtemps occulté, d’« un crime contre l’Humanité ». De manière implicite, il restitue à la tragédie du commerce triangulaire et de l’esclavage la place qui depuis bien longtemps aurait dû être la sienne dans la conscience des hommes.

C’est pour répondre à notre devoir de mémoire, pour empêcher l’oubli, mais aussi pour réclamer justice que ce thème a été instruit. En instruisant ce thème, les chefs d’Etat et de gouvernement de l’Union africaine en appellent, au fond, à la communauté des Nations à reconnaître qu’il existe une dette morale, sans précédent, vis-à-vis des peuples africains et que cette dette induit au minimum réparations et compensations.

Aujourd’hui, l’Afrique est à la croisée des chemins. Elle doit forger une puissance économique incontestable. Ce n’est qu’en devenant à son tour un « géant » parmi les « géants », en créant les conditions d’une prospérité durable et partagée sur l’ensemble de son espace souverain, à l’instar des grands pays industrialisés tels que les Etats-Unis d’Amérique, la Chine, le Japon, l’Allemagne, la Grande-Bretagne, la France, le Brésil, la Russie ou l’Inde, pour ne citer que ces exemples, ce n’est qu’en devenant à son tour un « géant », disais-je, parmi les « géants », notamment sur le plan économique, que l’Afrique contribuera au rééquilibrage des rapports dans le monde.

Comme l’a récemment déclaré l’excellent Théophile Obenga, l’historique projet des États-Unis d'Afrique, légué par les pères fondateurs de l’Union africaine, ne peut pas être un sujet tabou. Bien au contraire, il doit aller jusqu’au bout de son ambition. Et, on ne peut que se réjouir du jalon hardi qui a été posé avec la mise en circulation, voici quelques années, du passeport panafricain, devant permettre la libre circulation, partout en Afrique, des citoyens de tous les pays africains.

Ce noble projet ne peut indéfiniment demeurer du domaine de l’utopie sans que cela ne nous discrédite quelque peu, sans que cela ne nous disqualifie devant l’Histoire.

Les élites africaines et les intelligences de tous bords doivent approfondir la réflexion, notamment sur la nécessaire convergence des économies africaines, sur une force militaire africaine intégrée, sur une politique étrangère consensuelle et mesurée, sur des instruments monétaires innovants et inclusifs, sur des paradigmes linguistiques intrinsèques…au nom de l’authenticité et de la diversité des expressions culturelles, valables dans toutes les régions du monde.

Enfin, l’Afrique ne peut se permettre de perpétuer elle-même la balkanisation de son territoire et l’écartèlement de ses peuples, tel que cela avait été décidé à la Conférence de Berlin, voici bientôt un siècle et demi, car voilà l’une des sources principales de son affaiblissement continu.

Bien au contraire, à l’heure des grands ensembles et des grands blocs, notre continent doit se libérer de lui-même et cesser d’être prisonnier de ces frontières étriquées qui rendent stérile toute grande ambition.

Constant dans son engagement pour la cause de l’unité africaine, le Congo poursuivra invariablement son combat, aux côtés des autres pays du continent pour l’intégration effective des économies et pour l’émancipation intégrale des peuples.

Mesdames et messieurs !

Le destin de l’Afrique est pour l’essentiel entre nos mains. Ensemble, répondons à l’appel de l’Histoire et faisons de l’Afrique l’une des puissances incontournables du Sud Global !  

Vive l’Union Africaine ! 

Vive l’Afrique ! 

Je vous remercie.

Jean-Claude Gakosso

Légendes et crédits photo : 

Jean-Claude Gakosso, ministre des Affaires étrangères, de la Francophonie et des Congolais de l'étranger au XIXe sommet de la Francophonie Yhan Akomo

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