Afrique : Trump II remplace l’humanitaire par la diplomatie transactionnelleLundi 2 Juin 2025 - 17:07 A la place de l’aide et des accords commerciaux, le président américain pousse pour l’investissement dans de grands projets africains. L’effet Trump sur les économies et sociétés des pays en développement, déjà désastreux, pourrait devenir catastrophique. La nocivité des mesures prises ou annoncées relève de l’évidence. Officiellement, le président américain Donald Trump montre peu d’intérêt à l’égard de l’Afrique. Surtout, il se montre méprisant. Le démantèlement en cours de l’agence d’aide -l’Usaid-met à l’arrêt des programmes humanitaires qui soutiennent des millions de personnes parmi les plus vulnérables de la planète, notamment en matière de santé publique, alors que les Etats-Unis se retirent parallèlement de l’OMS, au détriment de la lutte contre les pathologies dans les régions les moins équipées. Lors de son premier mandat, Donald Trump n’y a jamais mis les pieds, qualifiant en 2018 les Etats du continent de « pays de merde ». Néanmoins, il ne les a pas épargnés dans la guerre commerciale. Le 2 avril, Trump II a imposé des droits de douane à 51 pays sur 54, allant de 11 % pour le Cameroun à 50 % pour le Lesotho.. Depuis, comme pour le reste du monde, ces taxes ont été ramenées à 10 %, en attendant des négociations bilatérales dans un délai de quatre-vingt-dix jours. Mais l’annonce a d’ores et déjà rendu incertain, voire caduque, l’accord de libre-échange nommé Agoa (African Growth and Opportunity Act). « A bien des égards, la politique tarifaire de Trump sonne le glas de ce pacte », observe Mukhisa Kituyi, l’ancien secrétaire général de la Conférence des Nations unies sur le commerce et le développement. Textile ou cacao touchés Signé en 2000 sous Bill Clinton, l’accord permet à une trentaine de pays du continent africain d’exporter sans droits de douane, avec l’idée que le commerce allait supplanter l’aide au développement. En 2024, l’Agoa a représenté 8 milliards de dollars de marchandises exportées, dont la moitié en produits pétroliers. Soit un cinquième du total des biens expédiés outre-Atlantique. Si le Nigeria et l’Afrique du Sud sont les deux pays les plus actifs dans le cadre de l’Agoa, leurs exportations, principalement de pétrole pour Lagos et de voitures pour Pretoria, sont plus importantes en dehors. Les pays les plus touchés par la remise en cause de ce dispositif seront ceux qui en sont très dépendants, comme le Lesotho, spécialisé dans le textile pour les marques américaines Levi’s et Calvin Klein. Noël Ndong Notification:Non |