France-Afrique : une diplomatie en pleine recompositionLundi 9 Juin 2025 - 11:46 Paris redéfinit sa présence diplomatique en Afrique. Cet été, une dizaine d’ambassadeurs sera remplacée dans des capitales stratégiques, signe d’une volonté assumée de réajuster les relations franco-africaines, et/ou de réinventer la présence française dans un continent en mutation.
Sept postes sont concernés, dont cinq en Afrique centrale, entre autres Kinshasa, Libreville et Kigali, et deux en Afrique de l’Ouest, à savoir Abidjan et Dakar. Ces villes sont essentielles pour les intérêts économiques et sécuritaires, et pour l’influence culturelle française leur représentation diplomatique doit être renouvelée. Des profils aguerris pour une nouvelle approche La liste des futurs ambassadeurs fait la part belle à des diplomates expérimentés : Alexandre Garcia, Jean-Christophe Belliard, Aurélie Royet-Gounin, Antoine Anfré et Diarra Dime-Labille… sont pressentis pour ces fonctions. Leurs carrières, souvent marquées par des missions en Afrique de l’Ouest et centrale, témoignent d'une volonté de renforcer l'efficacité du dialogue diplomatique dans un environnement africain en pleine mutation. Un choix n’est donc pas anodin. Il traduit la volonté de Paris d’installer un dialogue plus respectueux des sensibilités africaines, dans un climat où l’exigence de souveraineté se fait plus pressante. L’Élysée aurait déjà validé une série de nominations qui seront officialisées en Conseil des ministres dans les prochaines semaines. Contexte de recomposition Des nominations qui s'inscrivent aussi dans un contexte de recomposition plus large. Ces dernières années, la France a vu son influence reculer au Sahel, chahutée par des coups d’État, une opinion publique africaine plus critique, et l’émergence de puissances concurrentes comme la Chine, la Russie ou la Turquie. Face à cette perte de terrain, Paris tente de rééquilibrer ses relations : moins de paternalisme, plus de partenariats. Ces remaniements interviennent aussi à un moment charnière, où la France tente de s’adapter à un continent de plus en plus exigeant, souverain et diversifié dans ses partenariats. Au Quai d’Orsay, ce changement se reflète dans la réorganisation de la Direction Afrique, notamment autour du poste stratégique de "Monsieur Afrique", en pleine redéfinition. Objectif affiché : passer d’une logique d’influence à une logique d’écoute et de coopération mutuelle. Un tournant diplomatique ? Historiquement, l’Afrique francophone a longtemps été un prolongement de la politique étrangère française, entre héritage colonial et zones d’influence. Mais ce modèle s’essouffle. Les renouvellements en cours pourraient marquer un virage plus profond : celui d’une diplomatie française moins verticale, plus humble et ancrée dans les réalités africaines. Reste à savoir si ces changements seront perçus sur le terrain comme un simple lifting ou comme un réel changement de cap. Un précédent historique : les indépendances africaines La dernière fois qu'une telle vague de nominations a eu lieu remonte aux années 1960, lors des indépendances africaines. À cette époque, la France a procédé à une extension massive de son réseau diplomatique sur le continent. En 1965, la France comptait trente-cinq ambassades en Afrique, pour trente-sept États indépendants. Ce déploiement visait à assurer une présence physique auprès de la quasi-totalité des gouvernements africains, dans le cadre de la politique de la "Françafrique". Noël Ndong Notification:Non |