Initiative " America first" : les diasporas africaines prises pour cibleMercredi 11 Juin 2025 - 13:21 Nouvel épisode dans la politique "America first" de Donald Trump. Après l’aide au développement et les visas étudiants, le président américain propose de taxer les transferts d’argent envoyés par les migrants à l’étranger. La nouvelle mesure pourrait asphyxier plusieurs économies africaines dépendantes des flux vitaux. Dans le projet de loi budgétaire « One big beautiful Bill », une taxe fédérale de 3,5 % sur les transferts effectués par les non-citoyens est proposée. Si elle est adoptée, les diasporas africaines installées aux États-Unis paieraient jusqu’à 10 % de frais pour chaque envoi, en cumulant taxes et commissions bancaires. En effet, les chiffres sont éloquents : près de 10 milliards de dollars ont été envoyés depuis les États-Unis vers l’Afrique subsaharienne en 2024, selon la Banque mondiale. Le Nigeria, le Sénégal, le Liberia ou encore le Kenya sont les plus concernés. Dans certains pays, comme le Liberia ou les Comores, ces transferts représentent jusqu’à 20 % du produit intérieur brut. Cette taxation revient donc à toucher les familles africaines les plus modestes, qui dépendent de ces fonds pour l’éducation, la santé ou la survie quotidienne. Une manœuvre politique aux airs de chantage économique Cette décision s’inscrit dans une stratégie électorale claire : montrer les migrants comme un fardeau économique et politique. En réalité, c’est une manœuvre punitive qui fragilise à la fois les migrants légalement installés et leurs pays d’origine. L’administration Trump cherche à réduire les incitations à rester sur le sol américain tout en renforçant sa posture isolationniste. Le message est limpide : « Si vous n’êtes pas Américains, vous paierez plus cher pour soutenir les vôtres ». Critiquée par des économistes et organisations non gouvernementales, la nouvelle taxe pourrait provoquer l’effet inverse de celui recherché : favoriser les circuits informels, les envois en cash via des coursiers ou les transferts en cryptomonnaies. Autant de pratiques moins traçables, plus risquées et souvent illégales. Au-delà de l’économie, c’est le rôle historique des diasporas dans le développement du continent africain qui est remis en cause. Car là où l’aide publique échoue, ce sont souvent les transferts familiaux qui font la différence. Cette mesure, si elle entre en vigueur, marquera un tournant brutal dans les relations États-Unis/Afrique. Le paradoxe est flagrant : en prétendant redresser l’économie américaine, Donald Trump affaiblit des pays partenaires, accentue la pauvreté et alimente les tensions migratoires. La diaspora, longtemps perçue comme un atout, devient une cible. Taxer la solidarité, c’est pénaliser la dignité. Noël Ndong Notification:Non |