L’entrée de la BERD en Afrique de l’Ouest : un catalyseur pour une croissance durable

Jeudi 12 Juin 2025 - 10:15

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Le 1er juillet marquera une étape stratégique dans l’histoire économique de l’Afrique de l’Ouest : la Banque européenne pour la reconstruction et le développement (BERD) lancera officiellement ses activités au Bénin, en Côte d’Ivoire et au Nigeria, consolidant ainsi son engagement en faveur d’un développement durable et inclusif sur le continent africain.

L'initiative est saluée comme un signal fort pour la région, à l’heure où elle affiche des perspectives de croissance résolument optimistes, malgré des défis structurels encore marqués.

Initialement focalisée sur l’Europe centrale et orientale, puis sur l’Asie centrale, la BERD s’ouvre progressivement à l’Afrique. Après des premiers pas réussis au Maroc, en Égypte ou encore en Tunisie, l’Afrique de l’Ouest devient aujourd’hui un nouveau territoire d’intervention. Il ne s’agit pas d’un simple élargissement géographique, mais d’une réponse ciblée à la dynamique économique du continent et à son besoin crucial de financement privé. La présidente de la BERD, Odile Renaud-Basso, résume cette ambition : « Stimuler les économies, offrir de nouvelles opportunités, et compléter le travail des partenaires de développement ». Le modèle BERD repose, en effet, sur un soutien direct aux entreprises locales, un accès facilité au financement, et un accompagnement technique adapté, loin d’une approche purement institutionnelle.

Des économies prometteuses, mais en quête de soutien structurant

Les trois pays bénéficiaires - Bénin, Côte d’Ivoire et Nigeria - partagent un socle commun : une croissance économique robuste, une relative stabilité politique, et une volonté affichée d’attirer les capitaux étrangers. Ainsi, le Bénin continue son expansion économique, avec 6,5 % de croissance en 2024 et une inflation maîtrisée à 2 %. Malgré sa taille modeste, il montre une gestion macroéconomique prudente et une orientation pro-investissement. La Côte d’Ivoire, moteur économique de l’Union économique et monétaire Ouest-africaine, s’impose comme une référence régionale avec 6,5 % de croissance prévue en 2025. Son environnement des affaires s’est nettement amélioré ces dernières années. Le Nigeria, bien que confronté à des défis liés à la gouvernance et à la sécurité, revient au-devant de la scène avec une croissance de 4,6 % en 2024, sa meilleure performance en dix ans.

La présence de la BERD dans ces trois pays permettra de consolider les acquis et d’éviter les cycles économiques erratiques. En soutenant notamment les petites et moyennes entreprises, les start up innovantes, et les projets d’infrastructures vertes, la banque contribuera à élargir les bases de la croissance, souvent trop concentrée sur quelques secteurs.

Un levier stratégique pour une Afrique plus autonome

L’arrivée de la BERD intervient dans un contexte géopolitique où l’Afrique cherche à diversifier ses partenaires économiques. Face à la présence croissante de la Chine, de la Russie ou des pays du Golfe, l’Union européenne et ses institutions financières renforcent leur positionnement. La BERD, avec son approche technique et non intrusive, pourrait offrir une alternative crédible et pragmatique aux pays africains, tout en soutenant leurs ambitions d’industrialisation et d’autonomisation. D’un point de vue critique, l’approche du secteur privé adoptée par la BERD est particulièrement pertinente : elle permet d’agir en profondeur sur la création d’emplois, l’innovation, et la réduction de la pauvreté par le développement des chaînes de valeur locales. Elle évite aussi le piège d’une dépendance excessive à l’aide publique au développement.

Une expansion mesurée mais symbolique

Le fait que des pays comme le Ghana, le Kenya ou le Sénégal ont déjà exprimé leur intérêt pour rejoindre la BERD témoigne de la confiance croissante envers l’institution. Plus qu’une simple banque, elle devient un acteur stratégique du développement africain, dans un moment charnière où le continent affiche des taux de croissance supérieurs à ceux de nombreuses régions du monde, mais peine encore à transformer cette dynamique en véritable prospérité partagée.

Une nouvelle ère de coopération économique

La BERD apporte un souffle nouveau à l’Afrique de l’Ouest. En misant sur le secteur privé, la durabilité et l’ancrage local, elle propose un modèle de développement fondé sur la responsabilité partagée. Si cette expansion est bien encadrée, elle pourrait inaugurer une nouvelle ère de coopération plus équilibrée entre l’Europe et l’Afrique, fondée non sur l’aide, mais sur l’investissement, la confiance et la création de valeur. En somme, l’entrée de la BERD en Afrique de l’Ouest est à saluer : elle constitue à la fois un symbole fort et un outil efficace pour accompagner la transformation économique tant attendue du continent.

 

 

 

 

Noël Ndong

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