Paris–Cémac: le sursaut stratégique

Jeudi 12 Juin 2025 - 10:30

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Face aux crises et à la fragmentation mondiale, la Communauté économoque et monétaire de l'Afrique centrale (Cémac) et la France ont décidé de resserrer les rangs. Objectif : bâtir une intégration économique solide, crédible et souveraine.

Le 17 avril dernier, Paris a été le théâtre d’un rendez-vous capital. Ministres des Finances, gouverneurs de banques centrales et hauts responsables de la Cémac se sont réunis autour du ministre français de l’Économie, Éric Lombard, et du ministre équato-guinéen, Iván Bacale Ebe Molina, président du Comité ministériel de l’Union monétaire. Dans un contexte de tensions budgétaires, de pression inflationniste et de recomposition géopolitique, les mots d’ordre étaient clairs : solidarité régionale, intégration économique et discipline budgétaire.

Une région sous tension, mais debout

La Cémac fait face à un double défi : renforcer sa stabilité interne et affirmer son autonomie dans un monde multipolaire. L’accent a été mis sur l’application des décisions des chefs d’État à Yaoundé, en décembre 2024, sur la bonne exécution des programmes du Fonds monétaire international et sur la mobilisation des ressources pour soutenir les réformes structurelles. Le renforcement des réserves de change, la consolidation budgétaire et la diversification économique sont désormais des impératifs communs.

La France, partenaire historique, cherche à réinventer son rôle. Moins d’influence monétaire, plus de coopération stratégique. Transfert de savoir-faire, soutien aux transitions énergétique et numérique, accompagnement des réformes : Paris veut rester un allié structurant dans une zone sous pression, mais au potentiel intact.

Un levier d’influence dans un jeu global redessiné

Dans un contexte où la Russie, la Chine, la Turquie ou les Émirats étendent leur présence en Afrique centrale, la réunion de Paris se lit aussi comme une réponse politique. Elle marque la volonté pour la Cémac de ne pas subir, mais de choisir ses alliances, en misant sur la stabilité monétaire, la coopération régionale et une ouverture maîtrisée aux marchés extérieurs. Il ne s’agit plus seulement de sécuriser l’aide ou les financements, mais de redéfinir une stratégie d’influence économique à l’échelle régionale.

Au-delà des promesses, la réunion de Paris envoie un message : l’Afrique centrale veut peser davantage, mais ensemble. L’heure n’est plus aux demi-mesures. Il faut avancer, vite, et parler d’une seule voix. La survie économique de la Cémac passe désormais par une souveraineté collective, assumée et organisée.

Noël Ndong

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