Sécurité stratégique en Afrique centrale : la France renforce son ancrage au CamerounMardi 17 Juin 2025 - 16:06 La visite du directeur général de la gendarmerie française, Hubert Bonneau, à Yaoundé, constitue un signal fort au Sahel et dans le golfe de Guinée La visite officielle du patron de la gendarmerie nationale française, Hubert Bonneau, à Yaoundé, marque un tournant discret mais stratégique dans la politique de sécurité extérieure de la France. Elle confirme également une réorientation stratégique de la coopération sécuritaire entre Paris et l’Afrique centrale. Dans un contexte de retrait progressif au Sahel et de montée en puissance d’acteurs concurrents, mais aussi d’instabilité régionale croissante, cette mission de haut niveau redonne de la visibilité à un partenariat bilatéral et historique structurant pour la stabilité régionale, devenu plus stratégique que jamais. Diplomatie sécuritaire : un dialogue de confiance Reçu par les plus hautes autorités camerounaises, le général Bonneau a échangé avec le ministre délégué à la Présidence chargé de la Défense, Joseph Beti Assomo, ainsi qu’avec le secrétaire d’État à la gendarmerie, le général de division Galax Yves Landry Etoga. « Le Cameroun demeure un pôle de stabilité dans une région agitée. Notre coopération avec la France vise à préserver cette stabilité, en renforçant nos moyens internes », a souligné Joseph Beti Assomo. « Cette visite illustre la continuité d’un partenariat structurant pour notre gendarmerie nationale, dans les domaines de la formation, du renseignement et de la maîtrise des menaces modernes », a précisé Galax Etoga. « Le Cameroun est pour nous un allié fiable dans un environnement sécuritaire instable. Cette coopération vise à renforcer les capacités locales, dans le respect de la souveraineté de nos partenaires », a déclaré le général Bonneau. Une lecture géopolitique régionale À la croisée des tensions sahéliennes, des menaces djihadistes transfrontalières et des défis dans les régions anglophones instables, la frontière nigériane et le golfe de Guinée, le Cameroun joue un rôle clé dans la sécurité de l’Afrique centrale. La France, après un retrait partiel du Sahel, renforce désormais des alliances ciblées avec des États jugés résilients. « Le Cameroun est confronté à des menaces plurielles : terrorisme, séparatisme, piraterie. Il est donc logique que nos partenariats soient stratégiques, et non circonstanciels », a déclaré un haut cadre du ministère camerounais de la Défense. « Dans cette région tampon entre le Sahel et le golfe de Guinée, le Cameroun est un verrou. Sa stabilité est une priorité pour l’Europe et les partenaires internationaux », estime un diplomate français basé à Libreville. « Nous apprécions la constance de l’engagement français. Notre coopération avec la gendarmerie française est stratégique pour la montée en compétence de nos forces », a confirmé le général Etoga. Enjeux et sécurité économiques : Douala, un nœud stratégique Avec son port de Douala, ses ressources pétrolières offshore, ses infrastructures logistiques vers le Tchad et la RCA, le Cameroun est un pivot éco-sécuritaire. Sa stabilité a une résonance régionale : le corridor Douala-N’Djamena-Bangui, les plateformes logistiques du port de Douala et les zones minières du sud-est sont des infrastructures vitales pour plusieurs États enclavés. « La sécurité économique de la sous-région repose aussi sur la maîtrise de notre territoire. La coopération franco-camerounaise nous aide à répondre à ces défis avec méthode et technologie », a déclaré un officier supérieur camerounais chargé des opérations côtières. Une stratégie d’influence discrète et d’anticipation partagée Face à la montée des offres sécuritaires russes, turques et chinoises en Afrique, Paris adapte son approche. Plutôt que de rivaliser frontalement, elle miserait sur la profondeur des relations historiques, la formation durable et les valeurs de gouvernance partagée. « Notre présence ici n’est ni circonstancielle ni conjoncturelle. Elle s’inscrit dans la durée, au service d’une stabilité régionale co-construite », a déclaré le général Bonneau. Une approche saluée par Yaoundé. Un axe de confiance stratégique et un pilier de la coopération Afrique-Europe Discrète, mais stratégique, la visite du général Hubert Bonneau traduit une vision à long terme. Elle représente un signal politique et militaire à double détente : d’une part, rassurer un partenaire clé dans un contexte de reconfiguration géopolitique ; d’autre part, ancrer une nouvelle doctrine française en Afrique, fondée sur la coopération, la légitimité locale et la discrétion stratégique. Le Cameroun se positionne non seulement comme un partenaire de sécurité, mais aussi comme un acteur de stabilité régionale, dans une Afrique centrale de plus en plus convoitée. « C’est une alliance de valeurs et d’intérêts partagés », a conclu un conseiller du ministère camerounais des Relations extérieures. Noël Ndong Noël Ndong Notification:Non |