RDC : l'État et la Monusco relancent la réforme du secteur de la sécurité

Mercredi 18 Juin 2025 - 13:30

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La République démocratique du Congo (RDC) relance la dynamique autour de la réforme du secteur de la sécurité (RSS), un chantier stratégique pour la stabilité nationale et régionale.

Les autorités congolaises, conjointement avec la Mission de l’ONU en RDC (Monusco), ont réuni les représentants diplomatiques, partenaires techniques et financiers à Kinshasa pour poser les bases d’une collaboration plus structurée et coordonnée. Ce processus, désormais sous la houlette du Conseil national de sécurité, ambitionne de reconstruire un appareil sécuritaire national cohérent, efficace et respectueux des droits humains, dans un contexte marqué par les violences persistantes à l’Est, les tensions régionales et la transition institutionnelle post-électorale. « Chaque partenaire pourra désormais définir clairement son champ d’intervention, qu’il soit technique, financier ou logistique », a déclaré Désiré-Cashmir Eberande, conseiller spécial du président Tshisekedi pour la sécurité, lors de l’ouverture des travaux.

Un impératif stratégique et politique

La réforme du secteur de la sécurité ne constitue pas seulement une exigence interne. Elle est également un enjeu régional, dans un pays qui partage ses frontières avec neuf États, dont plusieurs connaissent également des instabilités. « La RSS est une composante essentielle du retour durable à la paix et de la souveraineté nationale », a souligné un diplomate européen présent à la réunion. Les lacunes de l’armée congolaise et des forces de police (sous-équipement, faible formation, corruption, manque de coordination) limitent leur capacité à sécuriser efficacement le territoire. Ce déficit structurel pèse sur la capacité de l'État à lutter contre les groupes armés et à gérer les conflits intercommunautaires, notamment au Nord-Kivu, en Ituri et au Sud-Kivu.

Un soutien international conditionné

Le rôle des partenaires internationaux, longtemps critiqué pour son manque de clarté et de coordination,  a été formalisé au sein d’un groupe consultatif multilatéral, piloté par la présidence congolaise avec l’appui de la Monusco. « Cette réunion se tient dans un contexte diplomatique propice, avec les récentes avancées dans les pourparlers RDC-Rwanda à Washington et la médiation angolaise », a rappelé Bintou Keïta, cheffe de la Monusco, tout juste revenue de Goma.

La réforme visera, entre autres, à: renforcer la chaîne de commandement militaire ; améliorer la formation professionnelle des forces de sécurité ; assainir la gestion des ressources humaines et financières ; renforcer les mécanismes de redevabilité et de justice militaire. A en croire les estimations du gouvernement congolais, plus de 150 millions de dollars seront nécessaires d’ici à 2028 pour soutenir les volets prioritaires de la réforme, un montant qui pourrait croître selon les besoins logistiques dans les zones de conflit.

Enjeux géopolitiques et économiques

La réforme du secteur de la sécurité est aussi perçue comme une clé d’attractivité économique. Pour les bailleurs comme pour les investisseurs, la stabilité reste une condition sine qua non au financement de projets, en particulier dans les secteurs miniers et énergétiques. « Aucun développement économique sérieux ne peut avoir lieu sans un minimum de sécurité et de confiance dans les institutions », rappelle un responsable du Programme des Nations unies pour le développement à Kinshasa.

Perspectives

Alors que la Monusco prévoit un retrait progressif d’ici à fin 2025, la réforme sécuritaire devient un test majeur pour l’autonomie stratégique de la RDC. Reste à voir si la volonté politique, les capacités de coordination et l’engagement des partenaires sauront transformer cette ambition en résultat durable et crédible.
La relance de la réforme du secteur de la sécurité en RDC est à la croisée des chemins : entre stabilisation nationale, coopération régionale et attentes de la communauté internationale. Entre transition post-Monusco, menaces sécuritaires persistantes et attentes citoyennes, la réforme du secteur de la sécurité en RDC est une urgence nationale. Sa réussite dépendra d’une coordination renforcée, d’une volonté politique ferme et d’un engagement durable des partenaires internationaux.

Noël Ndong

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