Sahel : des enfants en proie à une violence alarmante

Jeudi 26 Juin 2025 - 9:45

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Le dernier rapport du secrétaire général de l'Organisation des Nations unies (ONU) sur les enfants et les conflits armés pour l'année 2024 révèle une détérioration inédite de la situation sécuritaire au Sahel, où les enfants sont plongés dans un cycle de violence extrême. 

Les chiffres sont alarmants : une augmentation de 25 % des violations graves contre les enfants dans les zones de conflit, atteignant plus de 41 000 incidents enregistrés à l'échelle mondiale. Le Sahel, comprenant le Niger, le Burkina Faso et le Mali, se trouve au cœur de cette tragédie, marquée par l'insécurité chronique et l'effondrement des institutions étatiques.

Le Niger victime d’une violence persistante

Le rapport fait état de 329 violations graves affectant 304 enfants au Niger. Les types de violences les plus courants sont les enlèvements de masse : 202 enfants kidnappés, principalement par des groupes jihadistes tels que Jama’atu Ahlis Sunna Lidda’awati Wal-Jihad (JAS) et l’État islamique au Grand Sahara (ISGS) ; les meurtres et blessures  (78 enfants touchés, souvent par des tirs ciblés) ; les recrutements dans des groupes armés (35 cas d'enfants enrôlés) ; les attaques sur des infrastructures civiles  (8 incidents touchant des écoles et des hôpitaux). Les défis humanitaires sont également alarmants, avec un accès réduit aux zones touchées. En dépit de ces atrocités, l’ONU note des progrès dans la création d'une stratégie de désarmement et de réintégration pour les enfants touchés, invitant les autorités nigériennes à intensifier leurs efforts en coopération avec elle.

Une situation équivalente et préoccupante au Burkina Faso et Mali

Les données pour le Burkina Faso et le Mali sont tout aussi préoccupantes.

-Burkina Faso : 1125 violations graves recensées, dont 708 enfants tués ou mutilés et 309 autres enlevés. Les groupes jihadistes comme Jama’a Nusrat ul-Islam wa al-Muslimin ( Jnim) et ISGS sont souvent les auteurs de ces violences, tandis que les Volontaires pour la défense de la patrie sont signalés dans des cas de violences sexuelles.

-Mali : 892 violations documentées, avec 387 enfants tués ou mutilés. Le recrutement forcé d’enfants (285 cas) par des entités comme Jnim est monnaie courante, complété par des violences sexuelles et des attaques sur des infrastructures éducatives.

Un contexte géopolitique déplorable

Le rapport de l’ONU souligne la rapidité alarmante de la dégradation des conditions de sécurité au Sahel, exacerbée par le retrait des missions de maintien de la paix et une baisse notable des financements pour la protection des enfants. D'autres facteurs aggravants incluent la fragmentation des groupes armés, la diffusion d'armes, et l'impact croissant du changement climatique qui accule la population vulnérable. L’ONU appelle de manière urgente au renforcement des mécanismes de protection et de réponse, soulignant l’impunité persistante des auteurs de violences. Elle formule des recommandations claires aux États de la région : former les forces de sécurité au droit international humanitaire et aux droits des enfants ; cesser les détentions arbitraires de mineurs au motif d’association présumée avec des groupes armés ; assurer un accès humanitaire sécurisé aux zones touchées ; renforcer les programmes de réintégration pour les enfants libérés ou ex-associés à ces groupes.

Urgence d’une action collective

La gravité de la situation au Sahel appelle une réponse urgente et coordonnée, tant au niveau local qu'international. L’ONU, les États de la région et les organisations humanitaires doivent conclure des alliances stratégiques pour protéger les enfants, victimes innocentes des conflits. En parallèle, le financement et le développement de solutions durables doivent être une priorité, afin de restaurer la confiance dans les institutions et de bâtir un avenir serein pour les jeunes générations. Le temps presse pour transformer ces paroles d’alerte en actions concrètes, car chaque jour perdu est un jour de violence supplémentaire pour les enfants du Sahel.

Noël Ndong

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