Afrique-France : Fin de la Françafrique, début d’un pacte d’égal à égal ?Lundi 7 Juillet 2025 - 14:24 À Paris, une conférence au sommet amorce une refondation stratégique et symbolique des relations franco-africaines. C’est dans une atmosphère dense de gravité, de lucidité et d’espoir qu’a eu lieu, le 2 juillet, la conférence « L’Afrique et la France à la croisée des chemins », réunissant politiques, chercheurs, diplomates, membres de la société civile et dignitaires maçonniques. Objectif affiché : « Refonder un partenariat à la hauteur des aspirations africaines », en finir avec les logiques postcoloniales, et co-construire un avenir stratégique commun. Une rupture déclarée, une méthode en gestation « Le temps des bases permanentes est révolu. Il ne peut y avoir de coopération sans dignité », a déclaré Jean-Marie Bockel, ancien ministre et envoyé spécial du président Macron en Afrique, en ouverture de son intervention. Chargé depuis 2024 d’évaluer la présence militaire française sur le continent, il plaide pour une stratégie de retrait maîtrisé et une transition vers un soft power « encore balbutiant » mais indispensable. Son triptyque - sécurité, développement, aide - entend rompre avec une vision strictement sécuritaire : « Il faut former, pas s’imposer ; accompagner, pas dominer ». Le rapport de sa mission reste confidentiel, mais ses lignes directrices sont claires : respect des souverainetés africaines, co-construction et adaptation aux réalités locales. Diasporas et jeunesses : le droit à la parole Les échanges ont été nourris et sans concession. Les jeunesses africaines, les diasporas et les acteurs de terrain ont posé des questions structurantes :
« La devise Liberté, Égalité, Fraternité est-elle un slogan ou un engagement réel ? », a lancé une intervenante, en écho au sentiment de fatigue diplomatique. Une stratégie française face à une Afrique encore désunie Le sénateur congolais, Gabriel Zambila, en conclusion prospective, résume la tension centrale : « Tant que l’Afrique n’aura pas de stratégie cohérente face à la France, elle restera en position de réagir, non de co-construire ». En d’autres termes, la France connaît son projet - défense de ses intérêts, accès aux ressources stratégiques, influence régionale - mais l’Afrique arrive trop souvent désunie à la table des négociations, empêtrée dans ses urgences internes et ses divisions géopolitiques. Sans coalitions régionales solides, sans think tanks souverains, sans élites stratèges, l'Afrique restera dans une position de demande plutôt que d’initiative. Une faille structurelle dans un monde multipolaire où le bilatéralisme agile devient la norme. Noël Ndong Notification:Non |