Afrique : une richesse accaparée, un continent en périlLundi 14 Juillet 2025 - 11:45 Selon Oxfam, les quatre plus grandes fortunes africaines surpassent celles de 750 millions de personnes. Un déséquilibre aux conséquences économiques, politiques et sécuritaires profondes. Alors que les chefs d’État africains se réunissent pour le sommet de coordination de l’Union africaine, l’ONG Oxfam sonne l’alarme. « Les richesses de l’Afrique ne manquent pas, elles sont dilapidées par un système truqué », affirme Fati N’zi-Hassane, directrice Afrique de l’organisation. Le rapport publié à Malabo est sans équivoque : quatre milliardaires détiennent plus de richesses que la moitié de la population du continent, soit environ 57,4 milliards de dollars contre 750 millions de personnes. Parmi ces magnats figurent Aliko Dangote (Nigeria), Johann Rupert et Nicky Oppenheimer (Afrique du Sud), et Nassef Sawiris (Égypte). Tous issus de secteurs clés – industrie lourde, luxe, diamants, construction – symboles d’une économie de rente et de connivence. Des chiffres vertigineux, des États passifs. Selon la Banque mondiale, 460 millions d’Africains vivent sous le seuil d’extrême pauvreté, et leur nombre continue d’augmenter. Oxfam dénonce l’inaction politique : deux tiers des pays africains n’imposent pas les héritages et la plupart ont réduit l’impôt sur la fortune. En parallèle, « les milliardaires voient leur fortune se multiplier à l’abri de structures offshore sans contribution proportionnelle », explique le rapport. L’organisation non gouvernementale appelle à une réforme urgente : un impôt additionnel de 1% sur le patrimoine des ultra-riches et 10% sur leurs revenus permettrait de financer l'accès universel à l’éducation et à l’électricité. Le contraste est d’autant plus criant que certains pays font figure d’exemple : le Kenya a triplé l’impôt sur les plus-values, générant 64 millions de dollars supplémentaires par an. Une menace géopolitique et sécuritaire « Les inégalités extrêmes menacent de saper la démocratie, entravent la croissance et alimentent l’instabilité », insiste Oxfam. En Afrique du Sud, les inégalités exacerbées se traduisent par l’occupation des quartiers huppés par des sans-abris. Ailleurs, elles nourrissent les tensions sociales, la migration irrégulière et les crises sécuritaires. L’Union africaine s’est engagée à réduire les inégalités de 15% d’ici à 2035. Mais les résultats dépendront de la volonté des États à taxer les élites économiques. Pour Fati N’zi-Hassane, l’urgence est politique : « Il est temps de mettre fin à un modèle économique fondé sur le copinage, la rente et l’évasion fiscale ». Au-delà des chiffres, ce rapport est un signal d’alarme : sans redistribution, la concentration des richesses en Afrique devient une bombe à retardement économique et sécuritaire. L’avenir du continent passe par une gouvernance fiscale équitable, garante de justice sociale et de stabilité. Noël Ndong Notification:Non |