Macron–Ouattara : un partenariat de résilience dans une Afrique en recomposition

Lundi 21 Juillet 2025 - 11:00

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Dans un contexte Ouest-africain marqué par les transitions militaires, le recul de la présence occidentale et une guerre informationnelle intense, la rencontre entre Emmanuel Macron et Alassane Ouattara à l’Élysée illustre un tournant stratégique : celui d’un partenariat lucide, recentré sur les enjeux sécuritaires, économiques et régionaux.

« La Côte d’Ivoire est une ancre de stabilité dans un océan de turbulences », a affirmé le président français, soulignant la coopération sécuritaire bilatérale. Paris voit en Abidjan un allié pivot face aux recompositions du Sahel et à l’expansion de foyers djihadistes vers le golfe de Guinée. Si les effectifs militaires français dans la région sont passés de 2 500 en 2021 à moins de 800 en 2025, le partenariat évolue : formation conjointe, appui technique, et mise en réseau des armées Ouest-africaines. « Nous n’avons pas vocation à dépendre d’autrui pour notre sécurité », a déclaré Alassane Ouattara, qui ambitionne de faire de la Côte d’Ivoire un hub régional de sécurité, formant notamment des forces béninoises, togolaises et ghanéennes.

Sur le plan économique, les deux dirigeants ont abordé les enjeux de souveraineté productive. La France demeure le premier investisseur bilatéral dans le pays avec 1,4 milliard d’euros de projets en cours. Le cap est mis sur les énergies vertes, le numérique, l’agriculture de transformation et les infrastructures intelligentes. La Côte d’Ivoire, forte d’une croissance attendue de 7,2 % en 2025, se veut leader d’une économie africaine industrialisée, mais reste confrontée à un chômage des jeunes supérieur à 20 %.

Diplomatiquement, Paris et Abidjan appellent à renforcer la Communauté économique des États de l'Afrique de l'Ouest et l’Union africaine face aux défis démocratiques et géopolitiques. « Notre partenariat ne se décrète pas, il se construit. La France restera présente, mais autrement : par le dialogue, la formation, et la coopération entre égaux », a conclu Emmanuel Macron. Ce tête-à-tête marque une inflexion stratégique : ni nostalgie ni rupture, mais un réalisme mutuel dans un environnement où stabilité et souveraineté deviennent les nouveaux fondements de l’alliance franco-ivoirienne.

Noël Ndong

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