Somalie : les milices Chabab reprennent du terrain

Les récentes pertes de l’armée somalienne face à une nouvelle offensive menée depuis plusieurs mois par les djihadistes chabab jettent un froid sur les espoirs des pays qui, depuis des années, ont investi des milliards de dollars pour soutenir Mogadiscio dans sa lutte contre l'insurrection. Ce mois de juillet, des centaines de membres des Chabab, affiliés à Al-Qaida, ont conquis la ville de Moqokori, située à environ 300 kilomètres au Nord-Est de la capitale. Lors de cette opération, ils ont fait exploser des véhicules chargés d'explosifs, consolidant ainsi une position stratégique pour intensifier leurs attaques dans la région de Hiiraan.

Cette avancée représente non seulement un gain territorial, mais aussi une victoire symbolique sur une milice clanique locale qui avait été considérée comme la « meilleure force de combat » du gouvernement contre les Chabab, selon Omar Mahmood de l'International Crisis Group. Le gouvernement somalien, engagé contre ce groupe islamiste depuis le milieu des années 2000, fait face à un contexte délicat : le soutien international s'amenuise, l'armée est démoralisée, et des luttes internes empêchent une action cohérente.

Pour mener une campagne efficace entre 2022 et 2023, le gouvernement s'était appuyé sur des milices locales, parvenant à reprendre le contrôle d'environ 200 villes et villages aux mains des djihadistes. Toutefois, les insurgés ont repris cette année presque l'intégralité de ces territoires, selon Rashid Abdi, analyste au sein du groupe de réflexion Sahan Research. Plusieurs villes, précédemment mises en avant par le gouvernement comme des exemples de stabilisation, telles que Masaajid Cali Gaduud et Adan Yabal, sont désormais sous le contrôle des Chabab. De plus, la destruction de trois ponts le long de la rivière Shebelle, cruciaux pour les lignes d'approvisionnement militaire, complique encore davantage la situation.