Niger-Russie : l’uranium, levier stratégique d’un partenariat en mutationSamedi 2 Août 2025 - 3:53 Moscou avance ses pions sur le nucléaire civil en Afrique de l’Ouest, Niamey tourne définitivement la page Orano. La visite officielle à Niamey du ministre russe de l’Énergie, Sergueï Tsiviliov, marque un tournant dans les relations bilatérales entre la Russie et le Niger post-coup d’État. Le 28 juillet, un mémorandum de coopération nucléaire civile a été signé entre Rosatom et le ministère nigérien de l’Énergie, ouvrant la voie à une exploitation directe de l’uranium par la Russie. « Notre tâche est de créer tout un système de développement du nucléaire civil au Niger », a déclaré le ministre russe, confirmant l’ambition de son pays de renforcer son ancrage géoéconomique en Afrique de l’Ouest. Le Niger, 6e producteur mondial d’uranium avec 3 527 tonnes extraites en 2023 (soit 6,3 % du total mondial), est au cœur d’une recomposition stratégique. Depuis la prise de pouvoir par la junte militaire en juillet 2023, Niamey a affiché une volonté claire de souveraineté économique, en rupture avec les anciens accords miniers hérités de l’époque coloniale. En décembre 2024, le groupe français Orano a été écarté de la gestion de ses trois filiales historiques, dont la Somaïr et Imouraren, l’un des plus grands gisements inexploités au monde. La nationalisation de Somaïr en juin dernier a scellé la fin d’une ère, laissant la place à de nouveaux partenaires, dont la Russie semble désormais être la figure de proue. Géopolitique des ressources et réalignement régional Dans un contexte de fracture croissante entre Niamey et Paris, Moscou capitalise sur la quête d’autonomie des pays sahéliens. L’implantation de Rosatom, déjà active en Égypte, en Éthiopie ou encore au Burkina Faso, renforce la présence russe dans le secteur stratégique du nucléaire africain, au moment où la demande énergétique du continent s’accroît. « Cette dynamique illustre une géoéconomie multipolaire, où les anciennes puissances perdent du terrain face à des acteurs jugés moins intrusifs politiquement », observe un expert en intelligence économique. La Russie, en quête de nouveaux débouchés post-sanctions occidentales, trouve au Niger un allié à la rhétorique souverainiste et à l’appétit énergétique croissant. Reste à voir si cette coopération débouchera sur des retombées concrètes pour le développement industriel du pays ou s’inscrira dans une nouvelle forme de dépendance minière. Noël Ndong Notification:Non |