Visa américain : jusqu’à 15 000 dollars de caution, l’Afrique australe ciblée

Mardi 12 Août 2025 - 14:00

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Les États-Unis durcissent leur politique migratoire et l’Afrique australe se retrouve en première ligne.

En l’espace de 48 heures, Washington a annoncé des mesures strictes visant les ressortissants du Malawi, de la Zambie et du Zimbabwe, avec un objectif affiché : freiner les séjours illégaux sur le sol américain. Le 5 août 2025, le département d’État a dévoilé un programme pilote imposant une caution de 15 000 dollars (près de 13 000 euros) aux demandeurs de visas B1/B2 (tourisme ou affaires) en provenance du Malawi et de la Zambie. Cette garantie financière, à déposer avant le départ, ne sera remboursée que si le voyageur quitte le territoire américain à l’expiration de son visa.

Des inquiétudes diplomatiques croissantes

La mesure, qui entrera en vigueur le 20 août 2025, suscite des réactions officielles. Le ministre des Affaires étrangères zambien, Mulambo Haimbe, a exprimé ses « sérieuses inquiétudes » concernant les répercussions économiques sur le commerce, le tourisme et les échanges humains. Sa collègue malawite, Nancy Tembo, partage ces préoccupations, tout en affirmant la volonté du Malawi de coopérer avec Washington sur les questions migratoires. Dans le même élan, les États-Unis ont restreint la délivrance de visas aux ressortissants du Zimbabwe, invoquant des motifs similaires liés au non-respect des délais de séjour.

Des taux de dépassement jugés trop élevés

Selon le département de la sécurité intérieure (DHS), les taux de dépassement de visa (« overstay ») en 2023 étaient de 14,32 % pour le Malawi et de 11,11 % pour la Zambie, au-dessus du seuil de 10 % jugé tolérable par Washington. Ces chiffres, combinés à des lacunes dans les contrôles migratoires ou à l’octroi facilité de citoyenneté dans certains pays, justifient selon les autorités américaines ces mesures ciblées. Cependant, plusieurs observateurs notent que d’autres pays affichent des taux d’overstay bien plus élevés, sans faire l’objet de mesures similaires. Certains y voient une application sélective, voire géopolitiquement motivée, de la politique migratoire américaine.

Enjeux pour la région

Les enjeux sont de 4 ordres :

           1-       L’impact économique : les restrictions risquent de freiner les investissements, les échanges commerciaux et le tourisme.

2-       Les tensions diplomatiques : les mesures pourraient fragiliser les relations bilatérales entre Washington et les États de la région.

3-       Une mobilité compromise : des milliers de voyageurs respectueux de la loi pourraient être pénalisés.

4-       Un précédent international : ce programme pourrait inspirer d’autres pays à imposer des conditions similaires.

Cette initiative américaine, testée en Afrique australe, pourrait marquer une nouvelle phase dans la lutte contre l’immigration illégale. Mais elle soulève une question plus large : jusqu’où peut-on restreindre la mobilité internationale au nom de la sécurité migratoire ?

Noël Ndong

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