Alaska. Trump et Poutine en terre "commune"Jeudi 14 Août 2025 - 16:45 Après une série d’annonces infructueuses, les présidents américain et russe se réuniront finalement ce vendredi 15 août en Alaska. Outre la perspective de relancer la coopération bilatérale Washington-Moscou, le conflit russo-ukrainien sera au cœur du sommet entre les deux chefs d’Etat. Approche-t-on du bout du tunnel ? Peut-être sera-t-elle la rencontre de l’année. L’entrevue entre le président des Etats-Unis d’Amérique, Donald Trump, et son homologue de la Fédération de Russie, Vladimir Poutine, sera de loin la plus scrutée et la plus médiatisée au regard de ses enjeux et du poids des deux dirigeants. Elle se tient aux Etats-Unis, et non pas en terrain « neutre » comme le suggérait la partie russe qui citait entre autres destinations probables les Emirats arabes unis. Alaska ? « Logique » a fini par concéder le chef du Kremlin donnant raison au locataire de la Maison Blanche pour le choix symbolique de cette ancienne possession de l’empire de Russie. Les deux chefs d’Etat se retrouvent en terre « connue » si on peut dire. Sept mois après son retour au pouvoir, Donald Trump concrétise son vœu maintes fois exprimé de mettre fin à la guerre d’Ukraine qu’il impute entre autres aux choix politiques de son prédécesseur, Joe Biden. Il reste maintenant à savoir ce qui sortira de cette réunion bilatérale tant attendue. D’un côté un groupe de pays, globalement du Sud, y voit une opportunité de mettre un terme à la guerre ; de l’autre la majorité des pays membres de l’Union européenne redoute une solution qui marginaliserait l’Ukraine, l’une des parties belligérantes. Pour cela, ils appellent le président américain à la vigilance et maintiennent contre la Russie la pression maximale sur les plans économique, militaire, diplomatique, culturel, sportif et médiatique, telle qu’elle est en œuvre depuis le début des hostilités en février 2022. Donald Trump et Vladimir Poutine vont dialoguer en tête-à-tête loin des regards de leurs alliés respectifs en ayant pris soin de les « briefer ». Dès qu’il a estimé le rendez-vous réalisable, le président américain en avait informé le Premier ministre britannique Keir Starmer, le Chancelier allemand Friedrich Merz et le président ukrainien, Volodymyr Zelensky. De son côté, le président russe s’était entretenu avec son voisin biélorusse Alexandre Loukachenko, ses amis des BRICS, le président chinois Xi Jinping et le Premier ministre indien, Narendra Modi. Au fond, la division du monde en deux blocs réapparue avec la guerre en Ukraine pourrait s’amplifier ou amorcer un ralentissement à l’issue du sommet Trump-Poutine. Voir la paix reprendre ses droits est à n’en point douter le souhait des populations civiles ukrainiennes et russes prises en étau dans les zones de combat et au-delà. La mission du président américain prend toute sa dimension de mission de salut public à cet instant. Même s’il s’y emploie avec son tempérament, tous les dirigeants soucieux de construire la stabilité internationale devraient trouver dans la pléiade des déclarations de ce dernier les points nodaux pour faire avancer la cause de la paix. Dans ce moment d’impasse où les décideurs européens eux-mêmes qui vivent la guerre sur leur sol ont tourné le dos au dialogue privilégiant la rhétorique guerrière, l’Américain Trump apparait comme le faiseur de paix et le revendique. On a beau lui reprocher ses inimitables volte-face, le président des États-Unis use de la position centrale de son pays dans la marche des affaires du monde pour briser les tabous et déconstruire les leçons apprises sans à tous les coups faire l’unanimité. À l’issue du sommet, l’on saura où ses discussions avec le Russe Poutine les auront menés. Entre les propositions de cession des territoires ukrainiens aux mains des Russes et le refus catégorique de Kiev de s’y résoudre ; entre la volonté déclarée des Américains de se retirer du conflit au profit de l’Europe des « volontaires » emmenée par Paris, Londres et Berlin ; entre les attentes des populations civiles exténuées ; entre les intérêts économiques, politiques, stratégiques et idéologiques des uns et des autres, Trump et Poutine marchent sur les œufs. Les experts les mieux introduits dans les arcanes de cet imbroglio ne sont pas au bout de leurs cogitations. Ils font dans le « ça passe, ou ça casse », admettant une évolution des positions et prédisant le pire au cas où l’Alaska accouchait d’une souris. Il faut pourtant que ça passe et que le monde se rassérène. Suivons ! Gankama N'Siah Notification:Non |