Ghislaine Matondo : « Donnez-nous plus de temps pour nous préparer ! »

Samedi 30 Août 2025 - 15:50

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Présidente de l'Association des artisans de Loutassi et menuisière-garnisseuse, Ghislaine Matondo était présente au récent Salon des métiers du bois (SAMEB) de Brazzaville. Cette femme engagée, qui forme des jeunes en difficulté aux métiers du bois, plaide pour une meilleure organisation du salon. Entre fierté du "Made in Congo" et appel à l'amélioration, elle nous livre ses impressions.

Les Dépêches du Bassin du Congo (LDBC) : Vous participez au Salon des métiers du bois. Que présentez-vous exactement ?

Ghislaine Matondo : Je suis ici en tant qu'artisane, menuisière-garnisseuse pour être précise. Je présente ces salons en bois que vous voyez autour de moi, tous fabriqués de mes propres mains. Mais je ne suis pas là qu'à titre personnel. Je représente aussi l'Association des artisans de Loutassi, basée aux 10 Maisons à Moungali.

Notre mission, c'est de lutter contre la délinquance juvénile à travers le projet "Yekola Mosala Tour". On apprend les métiers du bois aux enfants en conflit avec la loi. D'ailleurs, nous sommes partenaires de l'État via le Haut-Commissariat à la justice restaurative. Grâce à notre travail, on ne parle plus de conflits entre les Arabes et les Américains dans l'arrondissement. Notre objectif : remplacer les antivaleurs par l'apprentissage de vrais métiers.

LDBC : Comment se déroule votre participation au salon ?

Ghislaine Matondo : Ça se passe très bien ! Nous vendons du "Made in Congo", la marque congolaise. Quand on parle des 10 Maisons, on parle de Mme Matondo ! Nous présentons les créations des jeunes fabricants de Brazzaville. C'est d'autant plus symbolique qu'on célèbre les 65 ans de l'indépendance du Congo. C'est le moment de consommer congolais.

LDBC : Tous vos produits sont-ils fabriqués localement ?

Ghislaine Matondo : Absolument ! Au Congo, nous avons le bois. En tant que garnisseuse, on part de cette matière première, on la garnit avec la mousse congolaise, et on finit avec le tissu de tapisserie. Tout est local.

LDBC : Ce salon vous satisfait-il ?

Ghislaine Matondo : Nous sommes tous satisfaits par ce SAMEB 2024. Tout a si bien réussi que nous en sommes fiers. On promet de faire encore mieux aux prochaines éditions. Avec le ministère des PME, si on continue sur cette lancée, on fera de très belles choses.

LDBC : Que pourrait améliorer le ministère pour les prochaines éditions ?

Ghislaine Matondo : Ma principale demande, c'est qu'on nous sélectionne au moins deux mois avant la tenue du SAMEB. Cela nous permettrait de mieux nous préparer. Il y a des garnisseurs qui ont refusé de participer simplement parce qu'ils n'avaient pas assez de salons dans leurs ateliers.

Si l'annonce était faite plus tôt, on aurait pu préparer spécialement des fauteuils pour le salon. Nous qui sommes là, on a dû diviser nos stocks : une partie pour la boutique, une partie pour le SAMEB. Mais il fallait être présent pour faire la fierté de la nation ! Surtout en période de fête d'indépendance. Et puis, n'oublions pas que c'est la femme qui fait une nation. Il fallait que je sois aux côtés de Mme le ministre des PME, Lydia Mikolo.

LDBC : Que représente le métier du bois pour vous ?

Ghislaine Matondo : Le métier du bois a une valeur inestimable. Avec ce matériau, on fait des statuettes, des salons et bien d'autres créations. C'est grâce au garnissage qu'on a pu transformer des machettes en outils de création dans les mains des enfants en conflit avec la loi. Voilà le pouvoir de l'art : transformer un mauvais comportement d'hier en réinsertion réussie aujourd'hui.

Propos recueillis par Achille Tchikabaka

Légendes et crédits photo : 

Ghislaine Matondo

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