![]() Décès de Deo Namujimbo : une plume engagée s’est éteinteMardi 2 Septembre 2025 - 18:42 Le journaliste, écrivain, traducteur et conférencier natif du Sud-Kivu, Deo Namujimbo, qui s’est illustré dans la dénonciation des atrocités ensanglantant l’Est de la République démocratique du Congo, a tiré sa révérence la nuit du dimanche 31 août en France où il était exilé depuis 2009.
Dans le communiqué adressé « à tous les membres de la famille à Bruxelles, Kigali, Goma, Kinshasa, Walungu, Kalemie et Bukavu, à la communauté des journalistes et écrivains ainsi qu’aux proches de l’illustre disparu », Pierre Namujimbo annonce que « le deuil se tient en France précisément à Vigneux-sur-Seine ». Et de renchérir qu’en attendant le programme des funérailles, les proches, amis et connaissance peuvent se joindre à la famille qui se réunit « à Kinshasa » sur « l’avenue Ndungini 189 au quartier Mbandaka dans la commune de Bumbu ». Un témoin marqué par le drame des Kivu Ceux qui ont vu « L’empire du silence » se souviendront des témoignages de Deo Namujimbo sur les invasions rwandaises de 1996 et 1998. Il rapporte des épisodes tragiques qu’il a vécus, des guerres innommables qui n’en finissent toujours pas. Dans un des extraits du film on l’entend dire : « Les corbeaux ne savaient plus voler tellement ils avaient mangé de chair humaine ». Un témoignage qui en dit long sur le drame de l’Est de la République démocratique du Congo (RDC). Du reste, Josué Boji, un des acteurs clés de la Nouvelle dynamique de la société civile du Sud-Kivu, affirme à ce propos : « Notre compatriote et frère Deo Namujimbo est un témoin fortement marqué par le drame que les nôtres ont subi, et il en a porté les meurtrissures comme des plaies brûlantes ». Ainsi de sa propre plume, le journaliste qui, rappelons-le, était aussi écrivain, a relaté ce vécu douloureux dans plusieurs ouvrages. Les atrocités des guerres des Kivu, Deo Namujimbo les a reportées notamment dans « Je reviens de l’enfer » (paru en 2014) évoquant son reportage dans l’Est du pays entre août et septembre 1998, afin que rien ne sombre dans l’oubli. Outre ses ouvrages personnels, il a co-écrit plus récemment (mai 2023) « La grande manipulation de Paul Kagame » avec Françoise Germain-Robin. Le Pr Luc Henkinbrant rapporte que le livre est une revisitation des trois dernières décennies de la RDC à travers des témoignages des victimes et des témoins de cette histoire macabre dont Deo Namujimbo fait du reste partie. Il y est donc question « des guerres successives qui s’y sont déroulées depuis et qui continuent d’ensanglanter l’Est du pays sans qu’on en parle », soutient-il. Le documentariste belge Thierry Michel, qui a côtoyé Deo Namujimbo salue à la fois « son intégrité et son engagement pour la liberté de la presse qui lui ont valu de nombreuses menaces ». Aussi, « après l’assassinat de son frère et de son cousin, tous deux journalistes, Déo Namujimbo fut contraint à l’exil en France en 2009, où il continua inlassablement son travail de sensibilisation, à travers des conférences et des écrits, sur les réalités du Congo et de sa population ». Thierry Michel lui rend hommage soulignant que « son décès est une immense perte pour la profession et pour tous ceux qui, grâce à lui, ont compris l’importance de témoigner face à l’oubli et à l’indifférence ». Ainsi, il y a lieu de se réjouir que de son vivant, Deo Namujimbo a « formé de nombreux jeunes à un journalisme engagé et éthique ». Nioni Masela Légendes et crédits photo : 1 : Deo Namujimbo, une plume engagée s’est éteinte/ DR
2 : Couverture de « La grande manipulation de Paul Kagame »/ DR
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