Afrique : six millions d’enfants en danger d’abandon scolaire, alerte l’Unicef

Lundi 8 Septembre 2025 - 14:06

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Une bombe à retardement éducative se profile sur le continent africain. Dans un communiqué, l’Unicef tire une sonnette d’alarme mondiale : six millions d’enfants supplémentaires risquent d’être déscolarisés dès l’an prochain, en raison de la chute brutale de l’aide publique au développement.

L’Afrique de l’Ouest et l’Afrique centrale, zones déjà fragilisées, seraient les premières touchées.

Des coupes budgétaires aux conséquences massives

Le constat est glaçant : selon l’Unicef, l’aide publique au développement destinée à l’éducation sera réduite de 3,2 milliards de dollars en 2026, soit une baisse de 24 % par rapport à 2023. 28 pays perdront au moins un quart des fonds alloués à l’éducation. Les conséquences seront immédiates : salles de classe abandonnées, enseignants non rémunérés, infrastructures en ruine, et des millions d’enfants livrés à eux-mêmes.

Afrique de l’Ouest et Afrique centrale : zones à haut risque

Les 1,9 million d'enfants déscolarisés attendus en Afrique de l'Ouest et centrale représentent l’épicentre de la crise. Parmi les pays les plus exposés : la Côte d’Ivoire (jusqu’à 340 000 élèves en moins, soit une baisse de 4 % des effectifs); le Mali  (environ 180 000 enfants risquent de quitter le système scolaire). Ces chiffres traduisent la fragilité structurelle des systèmes éducatifs dans une région souvent marquée par des conflits, l’insécurité, la pauvreté et des gouvernances instables.

Un effet domino aux conséquences géopolitiques

Derrière les chiffres, une réalité plus large : la déscolarisation de masse alimente le cercle vicieux de la pauvreté, de l’extrémisme, de l’instabilité et de la migration forcée. « Un enfant non scolarisé aujourd’hui, c’est un adulte vulnérable demain », rappelle Maevasoa Andrianaivohery, chargée de plaidoyer à l’Unicef. Alors que les pays donateurs se recentrent sur leurs priorités nationales, notamment face à leurs propres crises économiques, le recul de l’aide pourrait avoir des conséquences géopolitiques durables, y compris en Europe, qui subit déjà les effets des déséquilibres au Sahel.

Un appel urgent à la solidarité internationale

L’Unicef exhorte les États donateurs et partenaires à ne pas sacrifier l’éducation sur l’autel des arbitrages budgétaires : Préserver les financements existants, en particulier dans les contextes d’urgence (conflits, déplacements, catastrophes); Allouer au moins 50 % de l’aide éducative aux pays les moins avancés, ceux qui risquent le plus d’effondrement scolaire. Il s’agit, selon l’agence onusienne, d’un investissement vital dans la paix, la stabilité et le développement durable.

Éducation sacrifiée, avenir compromis ?

Au moment où le monde entier s’engage pour la réduction des inégalités et l’atteinte des Objectifs de développement durable à l’horizon 2030, ce recul de l’aide éducative ressemble à un reniement des promesses faites à la jeunesse africaine. Dans un contexte où des millions d’enfants ne demandent qu’à apprendre, l’enjeu dépasse les statistiques : il s’agit d’un combat pour le droit fondamental à l’avenir.

Noël Ndong

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