Monusco : une présence vitale dans un Congo instableVendredi 12 Septembre 2025 - 15:30 Alors que la RDC réclame le maintien de la mission onusienne, les enjeux sécuritaires, diplomatiques et financiers révèlent une crise multidimensionnelle où se croisent intérêts régionaux, ambitions politiques et limites budgétaires de l’ONU. La récente visite de Jean-Pierre Lacroix, secrétaire général adjoint de l’ONU aux opérations de paix, met en lumière un paradoxe congolais : un appel réaffirmé des autorités à maintenir la Monusco sur le terrain, malgré des critiques récurrentes contre son efficacité, dans un contexte où la République démocratique du Congo (RDC) se trouve au cœur d’une crise géopolitique complexe. Depuis Beni, ville symbolique des violences persistantes dans l'Est congolais, Jean-Pierre Lacroix a rappelé l’importance de la mission pour la protection des civils dans des zones contrôlées ou menacées par des groupes armés comme le M23. Le soutien logistique et sécuritaire de la Monusco reste crucial, notamment dans les provinces de l’Ituri et du Nord-Kivu. Pourtant, derrière cet appel au soutien international se cachent de profondes fractures diplomatiques. La RDC, théâtre d’un bras de fer régional La crise actuelle ne peut être dissociée des tensions avec le Rwanda, accusé de soutenir le M23. L’appel onusien à la mise en œuvre de la résolution 2773, exigeant le retrait des forces rwandaises et des rebelles du M23, souligne la politisation croissante du conflit. Dans ce contexte, la Monusco devient un instrument de dissuasion, mais aussi un levier diplomatique entre Kinshasa, Kigali et les acteurs internationaux, impliqués via les processus de paix de Washington et de Doha. L’équation budgétaire de la paix Sur le plan géoéconomique, l’avertissement de M. Lacroix sur la fragilité financière des opérations de maintien de la paix est alarmant. La pression budgétaire sur les Nations unies, combinée à une lassitude croissante de certains contributeurs, pourrait menacer l’avenir d’une mission essentielle dans un pays dont la stabilité est clé pour toute la région des Grands Lacs. Or, l’instabilité en RDC compromet non seulement les perspectives de croissance intérieure, mais aussi les investissements dans un pays riche en ressources minières stratégiques (cuivre, cobalt), critiques pour l’économie mondiale verte. Entre dépendance sécuritaire et souveraineté politique L’appel de Kinshasa à renforcer la coopération avec la Monusco traduit une réalité : l’État congolais peine à sécuriser seul son territoire. Cela interroge la souveraineté réelle du pays et la pérennité d’un modèle de sécurité externalisée, dont la légitimité est parfois contestée par les populations locales. À l’approche de la semaine de haut niveau à l’ONU et de l’examen du mandat de la Monusco par le Conseil de sécurité, la RDC se retrouve à la croisée des chemins. Le maintien de la mission onusienne, au-delà de son enjeu opérationnel, est désormais une question de survie géopolitique, mais aussi une alerte sur les limites structurelles du système multilatéral dans les conflits de longue durée. Noël Ndong Notification:Non |