Gouvernance : repenser la conception de la démocratie en Afrique

Mardi 16 Septembre 2025 - 17:15

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Dans le cadre de ses engagements visant la consolidation de l’Etat de droit en République du Congo, l’association Avenir Nepad a célébré, le 15 septembre à Brazzaville, la Journée internationale de la démocratie à travers un atelier de réflexion sur la « Perception des Congolais sur la démocratie de nos jours ».

La célébration a connu la participation des personnalités venues de divers horizons, parmi lesquelles des anciens ministres, des professeurs des universités et des membres de la société civile. L’objectif de l'activité était d’encourager le gouvernement congolais à respecter les droits de l’homme, à garantir la liberté d’expression et à promouvoir l’Etat de droit, à travers les propositions faites par les parties prenantes. Les pouvoirs publics sont également invités à encourager le dialogue et à rechercher des solutions communes pour résoudre les problèmes auxquels la société est confrontée sur la base des données probantes fondées sur des évidences. Il s’agit aussi de donner aux personnes, particulièrement aux femmes, jeunes et groupes marginalisés, les moyens pour influencer efficacement les processus démocratiques au cœur de la consolidation de la démocratie en République du Congo.

Pour le coordonnateur de l’association Avenir Nepad, le Dr Etanislas Ngodi, la situation sur la perception de la démocratie par les Congolais est sans doute déplorable au vu des statistiques. D’après le justificatif fait par cette association, le Congo est souvent classé parmi les mauvais élèves au niveau mondial en matière de respect des droits humains et des libertés fondamentales. Mettant le Congo dans la catégorie « réprimé » dans le rapport 2021-2022 de Civicus qui indique que « le paysage politique est largement contrôlé par le parti au pouvoir, avec un multipartisme de facette et une opposition muselée ».  Selon l’Avenir Nepad, « la liberté de la presse n’est pas respectée. Les journalistes indépendants font souvent l’objet des menaces et des intimidations, s’appuyant sur le classement de Reporters sans frontières qui place le Congo à la 69e place sur 180 pays en 2024 ; en matière d’engagement citoyen et de participation politique, une faiblesse est notée dans l’implication des jeunes et des femmes aux processus électoraux ».

Concevoir un modèle de développement propre aux Africains

Cette association s’est également appuyée sur les résultats de l’enquête d’Afro baromètre en République du Congo pour la période 2023-2024, qui soutiennent que 62% des citoyens estiment que « le Congo n’est pas une démocratie ». D’où la nécessité pour Avenir Nepad « d’éveiller la conscience des citoyens en vue de l’appropriation des principes démocratiques fondés sur la bonne gouvernance, le respect des libertés fondamentales, la séparation de pouvoir, la souveraineté du peuple, la participation politique et citoyenne aux processus électoraux ».

Développant le thème portant sur « L’imposture de la démocratie occidentale dans le contexte civilisationnel des bantu : avènement, impasse et avenir », le Pr Didier Ngalebaye a proposé une approche plus scientifique de la situation, en démontrant l’immense contrariété entre, d’une part, l’exportateur dont les valeurs civilisationnelles étaient la liberté, l’égalité et la  fraternité, d’autre part, l’importateur, dont les valeurs avaient pour base la spiritualité, le respect du droit d’aînesse et la solidarité. C’est ainsi qu’il suggère une forme de démocratie plus adaptée aux problèmes africains à travers un modèle d’élection « nominative », comme mode d’alternance pacifique et développante en ce qu’il garantit la transparence, la crédibilité, l’équité de l’accès et de la gestion du pouvoir d’Etat, sous la vigilance permanente des peuples.

L’ancien ministre Alain Akouala Atipault, pour sa part, a décrit les conférences nationales africaines à l’aube de la conférence de la Baule comme des « règlements de comptes » ayant détruit le consensus minimum existant sous le régime du parti unique. Il a affirmé que ces conférences ont été organisées par des « pseudo-intellectuels » et ont conduit à la résurgence des partis ayant pour base des affiliations ethniques, sapant l’unité nationale qui prévalait auparavant. Le véritable défi de l’Afrique, a-t-il dit, est de fonder sa souveraineté sur une « culture patriotique ».

Le président de la Commission nationale d’auto-évaluation du mécanisme africain par les pairs a conclu, en sa qualité d’ancien ministre, que la démocratie occidentale est en crise avec la montée des partis d’extrême droite en Europe. Selon lui, « la crédibilité des dirigeants occidentaux qui prônent la démocratie », pointant du doigt les conflits en Ukraine et à Gaza, « expose l’hypocrisie de ces valeurs ». Il appelle les Africains à concevoir leur propre modèle de développement national, en s’appuyant sur leur propre réflexion.

Jean Pascal Mongo-Slyhm (Stagiaire)

Légendes et crédits photo : 

1-Une vue des participants / Adiac 2- La photo de famille/Adiac

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