António Guterres : « L’Afrique est au cœur des solutions mondiales »

Mercredi 8 Octobre 2025 - 16:03

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Dans un appel diplomatique mais sans ambiguïté, António Guterres, secrétaire général de l’ONU, a exhorté la communauté internationale à changer d’échelle dans sa relation avec l’Afrique, lors du forum « Une Afrique imparable », organisé avec l’Union Africaine. 

 

Pour lui, le continent doit être reconnu non plus comme une zone à soutenir, mais comme un acteur central des équilibres économiques, énergétiques et géopolitiques du XXIe siècle. « L’Afrique recèle un potentiel immense. Il est temps de transformer cette promesse en un moteur de prospérité durable, inclusive et mondiale », a-t-il déclaré à New York.

Face aux urgences démographique, climatique et sécuritaire, Guterres a tracé trois axes de transformation :

  • Infrastructures et Zlécaf : la zone de libre-échange continentale africaine pourrait dynamiser la croissance, à condition de moderniser les infrastructures (ports, routes, énergie, normes) et de garantir une réglementation prévisible.
  • Transition énergétique : alors que le continent capte seulement 2 % des investissements mondiaux en énergies renouvelables, 600 millions d’Africains restent privés d’électricité. Guterres appelle à un financement massif des projets solaires et éoliens, au nom de la justice climatique.
  • Souveraineté alimentaire : paradoxe majeur, l’Afrique possède 60 % des terres arables non cultivées de la planète mais importe plus de 100 milliards USD de denrées chaque année. L’ONU prône une transformation agricole fondée sur l’irrigation, l’innovation et le soutien aux petits exploitants.

Réforme systémique : l’Afrique et le nouvel ordre mondial

Le discours de Guterres va au-delà des projets techniques. Il interpelle directement les règles du jeu économique mondial, affirmant que sans réforme des institutions de Bretton Woods, il sera impossible de financer cette transformation. Le secrétaire général de l’ONU a appelé à soulager la dette africaine, à éviter les crises systémiques, et surtout à accroître la représentation de l’Afrique au sein des instances de gouvernance mondiale, notamment au Conseil de sécurité de l’ONU. « Le système financier international doit refléter le monde d’aujourd’hui, pas les rapports de force du siècle dernier ».

L’Afrique, enjeu stratégique global

En arrière-plan, le discours souligne une vérité géostratégique : l’Afrique devient un champ de projection majeur des rivalités internationales (États-Unis, Chine, Russie, Turquie, etc.), notamment autour des ressources, des terres rares, des corridors énergétiques et du contrôle numérique. Mais au lieu de subir, le continent pourrait devenir coproducteur d’un multilatéralisme repensé, basé sur l’équité et la co-souveraineté. « Investir en Afrique n’est pas un acte de solidarité. C’est un acte de clairvoyance stratégique ». 

Noël Ndong

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