Afrique centrale : la BEAC injecte 750 milliards FCFA dans le secteur bancaire

Jeudi 16 Octobre 2025 - 12:14

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Face à une tension de plus en plus forte sur la liquidité bancaire dans la sous-région, la Banque des États de l’Afrique centrale (BEAC) a injecté, le 15 octobre, 750 milliards FCFA sur le marché monétaire. Une mesure d’urgence destinée à soutenir une économie régionale en perte de vitesse, dont la croissance ne devrait pas dépasser 2,6 % en 2025.

La Banque centrale a lancé l’opération d’injection de liquidités d’un montant record de 750 milliards FCFA, selon un avis d’appel d’offres qu'elle a publié. Ce montant, en hausse de 50 milliards par rapport à la semaine précédente, marque le niveau le plus élevé atteint depuis 2019. Cette opération, d’une maturité de sept jours (Du 16 au 23 octobre), est assortie d’un taux d’intérêt minimum de 4,5 % (TIAO). Elle s’effectue via un mécanisme d’appel d’offres à taux variables, avec des garanties conformes à la décision n°04/CPM/2013 du 31 octobre 2013.

La demande des établissements bancaires de la sous-région, qui avait déjà dépassé les 800 milliards FCFA la semaine précédente, démontre l’ampleur du besoin de financement dans un secteur où les banques sont de plus en plus sollicitées pour soutenir les États en difficulté de trésorerie. Cette situation met en lumière un système financier régional sous pression, à la fois du fait de la conjoncture économique défavorable et de la fragilité structurelle des finances publiques.

Cette nouvelle intervention de la BEAC s’inscrit dans une stratégie d’assouplissement monétaire visant à soutenir une économie régionale en net ralentissement. Selon les dernières projections du Comité de politique monétaire, la croissance de la Communauté économique et monétaire de l’Afrique centrale devrait tomber à 2,6 % en 2025, après 2,7 % en 2024, un niveau bien inférieur à celui de la zone Union économique et monétaire Ouest-africaine, attendue à 6,3 %. La situation est aggravée par une baisse continue de la production pétrolière et gazière : -1,5 % prévue en 2025, après -0,4 % en 2024. Pour la BEAC, injecter de la liquidité est donc devenu un outil central afin de tenter de relancer la dynamique économique via le crédit bancaire.

Mais au-delà de la conjoncture, cette politique expansive traduit aussi les faiblesses structurelles du système financier régional. Dans un rapport publié en juillet, le Fonds monétaire international (FMI) a identifié plusieurs causes à la crise de liquidité : la hausse des besoins de financement public ; la prolongation des maturités de la dette souveraine ; la faible mobilisation des dépôts ; et les arriérés intérieurs accumulés par les États. Le FMI a recommandé à la BEAC et à la Commission bancaire d’Afrique centrale de maintenir un dialogue actif avec les trente et une banques en situation de tension, tout en appelant à une solution durable telle que le paiement effectif des dettes intérieures par les gouvernements.

Fiacre Kombo

Légendes et crédits photo : 

Le siège de la Banque centrale, à Yaoundé/DR

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