Côte d’Ivoire : la réélection d’Alassane Ouattara, entre continuité et nouveaux équilibres régionaux

Mardi 28 Octobre 2025 - 8:49

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Le président ivoirien, Alassane Ouattara, a été réélu le 25 octobre pour un nouveau mandat à la tête de la Côte d’Ivoire, selon les résultats provisoires publiés par la Commission électorale indépendante (CEI).

Avec environ 89 % des suffrages, le chef de l’État, âgé de 83 ans, prolonge un parcours politique entamé il y a plus d’une décennie et marqué par la stabilité économique et la diplomatie régionale.

Un vote dans le calme

Le scrutin s’est déroulé dans un climat globalement pacifique, salué par les observateurs africains et internationaux. Si la participation, estimée à un peu plus de 50 %, témoigne d’une mobilisation moyenne, la journée électorale s’est distinguée par l’absence d’incidents majeurs - un élément non négligeable dans un pays encore marqué par la crise postélectorale de 2010-2011. Cependant, plusieurs figures de l’opposition n’ont pu se présenter, notamment Laurent Gbagbo et Tidjane Thiam, exclus pour des raisons juridiques ou administratives. Cette situation a limité la compétition et suscité des débats sur l’ouverture du processus démocratique. Les autorités, de leur côté, soulignent la légitimité du cadre constitutionnel et la nécessité de préserver la stabilité institutionnelle.

La continuité d’un modèle économique salué

Sur le plan intérieur, la réélection d’Alassane Ouattara s’inscrit dans la continuité d’une politique économique jugée performante. Sous sa présidence, la Côte d’Ivoire est devenue l’une des économies les plus dynamiques d’Afrique de l’Ouest, portée par des investissements dans les infrastructures, l’énergie et l’agro-industrie. Le défi du nouveau mandat réside désormais dans l’inclusion : transformer la croissance en développement partagé, en réponse aux attentes d’une jeunesse urbaine en quête d’emploi et de perspectives.

Un rôle régional stratégique

La Côte d’Ivoire occupe une position centrale dans la stabilité de l’Afrique de l’Ouest, région confrontée à la montée des régimes militaires et à l’érosion de la coopération régionale. Alassane Ouattara, figure respectée de la Communauté économique des États de l'Afrique de l'Oues , s’est souvent posé en médiateur et défenseur du dialogue démocratique. Sa réélection pourrait donc contribuer à renforcer la continuité diplomatique dans un contexte marqué par les recompositions politiques au Mali, au Niger et au Burkina Faso. Abidjan demeure également un partenaire stratégique pour l’Union européenne, la France et les institutions financières internationales, qui voient en elle un pilier de stabilité économique et sécuritaire.

Vers une transition maîtrisée ?

Malgré sa victoire, le président ivoirien reste attendu sur un point crucial : préparer l’après lui. À 83 ans, il lui revient d’organiser les conditions d’une alternance apaisée, enjeu clé pour la maturité démocratique du pays. De nombreux observateurs estiment que son ultime mandat pourrait ouvrir une phase de consolidation institutionnelle, visant à renforcer la confiance entre les acteurs politiques et à consolider les acquis économiques.

Un partenaire pivot dans un environnement changeant

Dans une Afrique de l’Ouest en recomposition, la Côte d’Ivoire de Ouattara se trouve à un carrefour. Son modèle de stabilité et de croissance, bien qu’imparfait, continue d’attirer les investisseurs et de servir de point d’appui aux politiques régionales de sécurité et d’intégration économique. La réélection du président marque ainsi moins une rupture qu’une transition contrôlée : celle d’un pays cherchant à maintenir son cap de stabilité tout en ajustant son équilibre démocratique.

Noël Ndong

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