Finances publiques : le projet de budget de l’Etat exercice 2026 présenté au Parlement

Jeudi 30 Octobre 2025 - 18:02

Abonnez-vous

  • Augmenter
  • Normal

Current Size: 100%

Version imprimable

Le ministre des Finances, du Budget et du Portefeuille public, Christian Yoka, a présenté le 30 octobre devant les deux chambres du Parlement le projet de loi de finances exercice 2026 qui prévoit, entre autres, le renforcement de l'unicité de caisse à travers la mise en œuvre du Compte unique du Trésor et de la fonction bancaire du Trésor.

En 2026, les ressources budgétaires se situent à 2 501,4 milliards FCFA contre 2 550,7 milliards FCFA en 2025. Les dépenses budgétaires s'établissent à 2 270,167 milliards FCFA en 2026 contre 2 198,7 milliards FCFA en 2025, soit une progression de 12,3%, dégageant un solde budgétaire excédentaire de 280,373 milliards FCFA en 2026 contre 352,0 milliards de FCFA en 2025. Selon le ministre Christian Yoka, ce budget est élaboré sur la base des orientations du Cadre budgétaire à moyen terme 2026-2028, discuté lors du dernier débat d'orientation budgétaire organisé par le Parlement. Il traduit, d’après lui, la volonté du gouvernement de consolider les grands équilibres macroéconomiques ; de dynamiser la croissance et l'emploi, notamment pour les jeunes ; d'améliorer la qualité de la dépense publique ; d'amplifier la baisse du niveau d'endettement ; et de renforcer la résilience de l'économie nationale face aux chocs externes.

En effet, la stratégie gouvernementale définie dans ce projet de loi de finances vise, a-t-il expliqué, à assurer une gestion optimale des ressources de l'Etat, à renforcer la discipline budgétaire et à améliorer l'efficacité de la dépense publique. S'agissant des ressources de l'Etat, l'accent sera mis, a-t-il dit, sur l'amélioration du rendement des recettes fiscales, grâce à l'optimisation des recettes budgétaires issues des ressources naturelles, l'amélioration du recouvrement par la digitalisation des processus de collecte, la réduction des exonérations en ce qui concerne les recettes fiscales et l'amélioration de la mobilisation des produits des participations par une meilleure application de la politique de dividendes du portefeuille public.

Porter une attention particulière sur la qualité de la dépense publique

« Concernant les dépenses, une attention particulière sera portée sur la qualité et l'efficience de la dépense publique par la mise en œuvre des instruments de budgétisation en mode programme et par l'amélioration de la gestion des investissements publics. Pour ce qui est de la discipline budgétaire, le projet de loi de finances s'inscrit dans une dynamique de consolidation des principes fondamentaux de gestion des finances publiques, notamment l'universalité budgétaire, l'unicité de caisse, la transparence et l'efficience de l'allocation des ressources publiques », a présenté le ministre des Finances, du Budget et du Portefeuille public.

Ces trois problématiques majeures visent à améliorer la gouvernance budgétaire, à renforcer la soutenabilité financière et à optimiser la mobilisation des ressources internes, notamment de la rationalisation des fonds, agences et établissements publics pour une recentralisation des ressources au profit du budget général. « Le projet de loi de finances exercice 2026 propose des mesures concrètes en réponse à la prolifération des structures paraétatiques (Fonds, agences, établissements publics) qui génèrent une dispersion des recettes publiques, affaiblissent le budget général de l'Etat et engendrent des coûts budgétaires élevés au détriment de la centralisation des ressources au Trésor public. Ceci n'est juste qu'un rappel au respect des principes d'universalité budgétaire et de non- affectation des recettes », a-t-il poursuivi.

Domicilier les ressources au Trésor public

Ce projet de loi de finances prévoit également de réintégrer dans le budget général de l'Etat les ressources de certains fonds et structures dont les affectations ne remplissent pas les critères légaux des comptes spéciaux du Trésor ou des budgets annexes. Les entités ne disposant pas de l'autonomie de gestion verront, quant à elles, leurs ressources désormais rattachées au budget général à travers la nomenclature des transferts courants ou en capital. L’objectif de cette mesure est d’améliorer la lisibilité budgétaire, de réduire les déperditions ressources publiques et de garantir une meilleure coordination de la politique budgétaire.

« Le projet de loi intègre également un volet crucial relatif à la réforme de la gestion de trésorerie, notamment à travers l'opérationnalisation du Compte unique du Trésor. Dans une optique de rationalisation des liquidités publiques, les établissements publics administratifs et autres entités disposant de la personnalité juridique et de l'autonomie financière, mais fortement adossés au financement de l'État, sont désormais appelés à domicilier leurs ressources au Trésor public. Cette domiciliation systématique des fonds publics au Trésor va permettre une optimisation de la trésorerie de 'État ; un meilleur suivi des flux financiers publics ; et une plus grande transparence dans la gestion des comptes publics », a-t-il déclaré.

Pour le gouvernement, cette réforme structurelle vise à conférer au Trésor public une fonction bancaire élargie, en cohérence avec les normes de gestion des finances publiques en vigueur dans la zone de la Communauté économique et monétaire de l'Afrique centrale. Ainsi, une attention particulière sera accordée au suivi des différents risques budgétaires identifiés, y compris ceux liés à la dette, en vue de réduire leurs impacts éventuels sur les orientations budgétaires prises par le gouvernement.

Concernant la maîtrise de la gestion de la dette publique, la stratégie sera axée sur le désendettement rapide de l'Etat pour dégager des marges de trésorerie et réduire les charges financières au profit des dépenses productives. « A ce titre, il sera question de poursuivre sa réduction et son optimisation, à travers l'affectation d'une partie des excédents primaires au remboursement de la dette extérieure et des arriérés intérieurs ; la restructuration de certaines dettes, surtout celles de marché ; la limitation des ressources de trésorerie au besoin de financement résultant de l'amortissement de la dette publique de la période 2026-2028 et le respect strict du plan d'apurement adopté par le gouvernement », a développé le ministre.

Des nouvelles mesures à appliquer après une phase transitoire

Quant à la protection de la population vulnérable et de la lutte contre la précarité, l’exécutif entend renforcer les mesures sociales mises en œuvre avec parfois l'appui des partenaires techniques et financiers, par celles découlant de la transposition de la directive fiscale citée supra. Ces mesures concernent, en effet, la révision des procédures de traitement de l'impôt sur les salaires, notamment le mode de calcul de I'IRPP ainsi que l'élévation du seuil d'imposition à l'impôt sur le revenu, permettant d'exonérer les couches sociales les plus vulnérables, en particulier les travailleurs du secteur informel et les petits métiers, contribuant ainsi à l'amélioration de leur pouvoir d'achat.

« Cependant; il convient de relever que si l'application des nouvelles mesures inhérentes à l'impôt sur les sociétés ne présente aucune objection, celles relatives à l'impôt sur les salaires ne pourraient être mises en œuvre qu'après une période transitoire nécessaire à la réalisation des études devant permettre de mesurer son impact sur les assujettis ainsi qu'à l'implémentation desdites mesures », a conclu Christian Yoka lors de son premier test de présentation du budget devant l’Assemblée nationale et le Sénat.

Parfait Wilfried Douniama

Légendes et crédits photo : 

Le ministre des Finances, Christian Yoka/DR

Notification: 

Non