Vient de paraître : ''Les malades en vadrouille'' de James Gassongo

Samedi 8 Novembre 2025 - 17:51

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Edité chez le Lys Bleu, le recueil de nouvelles de 216 pages, ''Les malades en vadrouille''​, met en lumière des personnages qui, malgré leur "maladie" sociale, trouvent des moments de grâce. Des lueurs despoir qui sont un message direct aux lecteurs, un message clair de résilience. 

Le livre de James Gassongo est une plongée dans la déliquescence sociale et morale d’une cité contemporaine qui pourrait être n’importe quelle grande ville où l’humain est laissé pour compte. Le titre, "Les malades en vadrouille", ne se réfère pas tant à des patients au sens médical du terme qu’aux victimes de la folie collective et du chaos social. En effet, ce recueil de nouvelles dresse le portrait de celles et ceux qui ont été rejetés ou brisés par un système défaillant : la folie comme réalité incontestable. Le livre explore comment, dans ce monde en ruines, la folie s’impose comme une réponse ou une conséquence, à l’abandon et à la souffrance. Les sans voix du chaos. Comme dans son premier roman, il a voulu faire parler les invisibles. Ces "malades" sont des individus qui errent, physiquement ou psychologiquement, dans une indifférence générale. Ils sont le symptôme d’une société qui a perdu ses fondements.

A travers ces huit récits, chaque nouvelle aborde un angle de cette désagrégation. Il s’agit, entre autres, de la violence physique et psychologique qui imprègne les rues; de l’anarchie, la perte de valeurs, l’infidélité, le désordre et tant d’autres maux  qui rongent la vie sociale ; et du rôle d’un système médical et social défaillant qui aggrave l’isolement des plus vulnérables... Les personnages du recueil sont un kaléidoscope de destins brisés qui représentent les laissés-pour-compte d’une société en déclin. Ils sont souvent des individus victimes de l’abandon social ; ceux que le systèmes médical, social, politique a rejetés ou oubliés. Ils sont des personnes en marge, donc des marginaux, des exclus qui errent dans l’indifférence générale de la ville dévastée, des âmes brisées, des gens qui ont été physiquement ou psychologiquement traumatisés par la bestialité et le chaos ambiant. Leurs souffrances dépassent le cadre clinique pour englober des maux sociaux et psychologiques profonds.

Un titre provocateur, mais qui interroge

"Les malades en vadrouille" souffrent principalement de pathologies sociales (Abandon, injustice, chaos, manque de structure). Les solutions ne sont pas uniquement médicales, mais doivent être systémiques et communautaires. Pour ces malades, une action sur plusieurs fronts est nécessaire. D’abord, le rétablissement de la solidarité sociale. La cause profonde de l’errance est l’indifférence et l’abandon. Réseaux communautaires : créer des structures de proximité (Centres d'accueil, maisons de quartier) offrant un soutien psychologique et pratique, pour que l'individu ne se sente plus seul face au système ; encourager l’empathie ; promouvoir l’éducation civique et la sensibilisation pour combattre la stigmatisation et le rejet des personnes marginalisées.

 Réforme des systèmes défaillants, le "chaos social" et l'"injustice" sont des maladies de l’État. Accès aux soins : assurer un accès universel et digne aux soins de santé mentale et physique, en particulier pour les plus démunis, afin de réparer le "système médical défaillant". Lutte contre la corruption : mettre en place des mécanismes de transparence et de justice pour restaurer la confiance des citoyens et combattre les injustices qui poussent à la désintégration sociale. Il y a aussi la création de nouveaux cadres de vie (La sédentarisation). Mettre fin à la "vadrouille" par l'intégration. Logement et sécurité : fournir des solutions de logement stables et surs pour sortir les individus de la précarité et de l'errance qui alimentent la violence et le désespoir. Enfin, insertion professionnelle : proposer des programmes de formation et d'emploi adaptés pour réintégrer les exclus dans le tissu économique et social, leur redonnant ainsi un but et une dignité.

Après le roman Tuez-le-nous ! Le couloir de la mort, un véritable chef-d’oeuvre, Jamaes Gassongo offre à ses lecteurs le recueil de nouvelles. Pourquoi a-t-il fait ce choix au lieu d’un second roman, l’auteur de Les malades en vadrouille estime que le recueil de nouvelles lui offre la liberté de toucher à plusieurs facettes de la folie sociale et humaine sans les enfermer dans une seule intrigue. Car, chaque nouvelle est un projecteur braqué sur une "maladie" différente de cette société contemporaine, qu’il s’agisse de l’abandon, du chaos social ou de la violence sourde. Quant au message que l’auteur souhaite transmettre à travers ces huit récits, il dit que c'est une dénonciation frontale. L'oeuvre Les malades en vadrouille est une invitation à l’empathie... L’amour, la joie, les liens familiaux ou amicaux sont les véritables moteurs de la "vadrouille" (Du voyage, de la survie). Ces émotions rappellent que même quand tout s’écroule, la quête du bonheur est un acte de résistance.

En définitive, la solution pour " Les malades en vadrouille" réside dans la capacité de la société à réintégrer, réparer et reconstruire les liens humains et les structures collectives. C’est en faisant preuve de l’amour et de la solidarité qu’on peut éteindre les "cris de détresse" et permettre à la "joie" de s’enraciner. En somme, "Les malades en vadrouille" est un kaléidoscope de destins croisés qui interrogent la complexité humaine face à l’effondrement de la structure sociale. C’est une œuvre qui, au-delà de la dénonciation, invite à une réflexion profonde sur ce que les hommes font de leur humanité et de la solidarité.

Après une carrière internationale enrichie de diverses expériences, James Gassongo devient dès 2010 un chroniqueur influent. A travers ses écrits, il aborde les enjeux sociopolitiques contemporains, offrant des réflexions pertinentes. En 2021, il publie son premier roman, Tuez-le nous! Le couloir de la mort, une œuvre mêlant drame et introspection. Par ses créations, James interroge la condition humaine et invite à une réflexion sur des enjeux universels.  

 

Bruno Zéphirin Okokana

Légendes et crédits photo : 

1-La couverture du livre/ DR 2-L’écrivain James Gassongo/ DR

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