Afrique : l’Algérie accueille une conférence internationale sur les crimes du colonialisme

Lundi 24 Novembre 2025 - 16:02

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Alger, capitale de l'Algérie va abriter, les 30 novembre et le 1er décembre, une conférence internationale consacrée aux crimes du colonialisme en Afrique sur le thème, « Justice pour les Africains et les personnes d’ascendance africaine à travers les réparations ».

La conférence s’inscrit dans le sillage de la décision 903 (XXXVIII) adoptée en février dernier par l’Union africaine. Cette résolution avait entériné la proposition du président Abdelmadjid Tebboune d’offrir à l’Afrique une plateforme dédiée au thème de l’année 2025.

« Cette initiative s’inscrit dans la tradition historique de l’Algérie, qui a payé un lourd tribut au colonialisme et qui demeure profondément engagée dans la défense de la dignité, de la mémoire et des droits des peuples africains », indique le document de l’ambassade d’Algérie en République du Congo.

Pour Alger, l’initiative revêt une portée symbolique forte. Le pays, marqué par une histoire coloniale particulièrement violente, ne cesse de rappeler que la mémoire, la reconnaissance et la réparation constituent des fondements essentiels d’un avenir africain affranchi des séquelles du passé.

Sous l’impulsion du président Tebboune, l’Algérie entend contribuer à structurer une approche continentale ambitieuse : faire reconnaître le colonialisme, l’esclavage, la ségrégation raciale et l’apartheid comme des crimes contre l’humanité, conformément aux lignes directrices de l’Union africaine.

L’événement réunira ministres, juristes, historiens, universitaires et experts venus d’Afrique, des Caraïbes et d’ailleurs, afin de définir une position commune sur les réparations, la restitution du patrimoine et la préservation de la mémoire collective.

Les travaux aborderont les dimensions humaines, culturelles, économiques, environnementales et juridiques des crimes coloniaux, en mettant l’accent sur les traumatismes intergénérationnels, la spoliation et la destruction du patrimoine culturel africain, l’exploitation des ressources et les modèles économiques inéquitables hérités du colonialisme, les impacts environnementaux y compris les essais nucléaires réalisés sur des populations africaines, ainsi que les voies juridiques permettant de renforcer la criminalisation du colonialisme et d’établir un mécanisme concrets de réparation.

Vers une « Déclaration d’Alger »

La conférence devrait aboutir à l’adoption de la « Déclaration d’Alger », un document de référence continentale destiné à guider les futures actions africaines en matière de justice historique. Cette déclaration sera soumise lors du Sommet de l’Union africaine de février 2026.

« A travers cette initiative, l’Algérie réaffirme son rôle moteur et sa contribution déterminante au sein du continent, en soutenant les aspirations africaines à la justice, à la réparation, à la souveraineté mémorielle et à la consolidation d’une identité historique commune fondée sur la dignité et les valeurs de justice », selon l’ambassade d’Algérie au Congo.

La « Déclaration d’Alger » devrait servir de référence commune pour la codification des crimes coloniaux, l’affirmation de leurs impacts sur les sociétés africaines et la définition d’une stratégie partagée en matière de justice et de réparations.

En accueillant cette conférence, l’Algérie réaffirme sa volonté d’assumer un rôle moteur dans la défense de la mémoire africaine et la construction d’un projet continental de justice. Le pays ambitionne de contribuer à une architecture africaine solide et durable, où la reconnaissance des crimes coloniaux ne serait plus un simple débat historique, mais un levier politique, symbolique et juridique pour restaurer dignité, souveraineté mémorielle et cohésion continentale.

Yvette Reine Boro Nzaba

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