Afrique : le changement climatique s'invite dans les politiques des banques centralesJeudi 27 Novembre 2025 - 17:41 Le gouverneur de la Banque des Etats de l'Afrique centrale (BEAC), Yvon Sana Bangui, a appelé, lors du symposium des gouverneurs des banques centrales africaines le 27 novembre à Yaoundé au Cameroun, à l'intégration des risques climatiques dans les politiques macroéconomiques des instituts d'émission de monnaie. "Le changement climatique n'est plus une menace abstraite : il affecte directement nos économies, nos systèmes financiers et la stabilité de nos Etats. Les banques centrales, garantes de la stabilité monétaire et financière doivent désormais intégrer ces risques dans leurs politiques, leurs modèles macroéconomiques et leurs instruments..." C’est en ces termes que le gouverneur de la BEAC a fixé la ligne de ce symposium organisé en marge de la 47e réunion annuelle de l'Association des banques centrales africaines (ABCA) sur le thème : "Changement climatique et stabilité macroéconomique : le rôle des banques centrales". Pour Yvon Sana Bangui, la stabilité macroéconomique ne peut être assurée sans la prise en compte "des impacts climatiques et des transitions énergétiques (...). Dans le cadre de nos responsabilités collectives, nos institutions ont un rôle crucial à jouer. Il nous appartient d'abord d'anticiper et d'évaluer les risques climatiques dans nos analyses macroéconomiques et dans nos rapports de stabilité financière afin que nos politiques tiennent compte des vulnérabilités nouvelles qui affectent nos économies", a-t-il dit appelant également à la modernisation des systèmes de paiement et de supervision pour renforcer la confiance des investisseurs. Intervenant à son tour, la commissaire de l'Union africaine (UA) en charge du Développement économique, Francisca Tatchouop Belobe, a insisté sur la vulnérabilité du continent face à la menace climatique nonobstant ses faibles émissions de gaz (4%). Elle a déploré la faiblesse des financements dédiés à l'Afrique alors que le continent est le plus touché par les effets du changement climatique - sécheresse, glissements de terrain, déforestation - qui détériorent les conditions de vie des populations et détruit leurs moyens de subsistance tout en compromettant son avenir. Les besoins annuels de l'Afrique dans le cadre de l'adaptation aux effets du changement climatique sont estimés à quelque 277 milliards de dollars mais elle ne reçoit que 30 milliards de dollars, a fustigé la commissaire de l'UA avant de plaider pour l'accès aux financements concessionnels et d'inviter à une bonne coordination des politiques financières, monétaires et climatiques. Les banques centrales peuvent en effet aider à renforcer la résilience en prenant à bras le corps cette menace au même titre que les chocs macroéconomiques qui touchent l'Afrique. C’est sur ce postulat que travaillent les gouverneurs des banques centrales africaines en étudiant de nouvelles pistes pour atténuer les effets des risques et les adapter aux politiques monétaires prudentielles. La présidente de l'ABCA, Priscilla Muthoora Thakoor a pour sa part expliqué qu'en 2023, 46 % de la population active africaine travaillait dans l'agriculture, un secteur caractérisé par sa vulnérabilité aux effets du climat et par la précarité de l'emploi. Pour sa part, peu avant de déclarer l'ouverture des travaux du symposium, le ministre camerounais des Finances Paul Matoza a rappelé à titre indicatif, le lac Tchad qui selon lui a perdu près de 80% de sa superficie depuis les années 1960 et le Bassin du Congo. Le changement climatique représente une préoccupation aussi bien pour la communauté internationale que pour l'Afrique, a martelé le ministre, ajoutant qu'il est urgent d'adapter les mesures à la limite de la menace. Christian Brice Elion Notification:Non |










