« L’Afrique se réveille » : Moscou accélère son offensive diplomatique sur le continent

Lundi 22 Décembre 2025 - 9:41

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Au Caire, Sergueï Lavrov a inscrit le partenariat Russie-Afrique dans une lecture postcoloniale du monde, mêlant sécurité, économie et rivalités géopolitiques globales.

Lors de la deuxième Conférence ministérielle du Forum de partenariat Russie-Afrique, tenue au Caire, le chef de la diplomatie russe, Sergueï Lavrov, a livré un discours à forte charge symbolique et stratégique. « L’Afrique se réveille après l’ère coloniale », a-t-il déclaré, affirmant que le renforcement de la paix et de la sécurité sur le continent constituait non seulement une condition essentielle au développement durable, mais aussi un pilier de la stabilité mondiale.

Dans un contexte de recomposition accélérée de l’ordre international, Moscou entend consolider son ancrage africain en se positionnant comme un partenaire alternatif aux puissances occidentales traditionnelles. Sergueï Lavrov a rappelé l’engagement de la Russie en faveur de la sécurité du continent, évoquant l’assistance fournie en matière de déminage, de neutralisation des engins explosifs improvisés et de formation des forces armées et de sécurité africaines.

Au-delà de la coopération opérationnelle, Sergueï Lavrov a insisté sur la nécessité de mettre en œuvre, de manière concrète, la décision prise lors du deuxième sommet Russie-Afrique d’instaurer un mécanisme permanent de dialogue au plus haut niveau. Objectif affiché : coordonner les efforts russo-africains dans le domaine de la sécurité et renforcer une architecture de coopération présentée comme fondée sur le respect de la souveraineté et des intérêts mutuels.

Le discours du patron de la diplomatie russe s’inscrit également dans une critique frontale de l’héritage colonial occidental. Selon lui, les conflits persistants en Afrique trouvent leurs racines dans un système colonial ayant « violé la trajectoire historique naturelle des peuples africains », imposé des frontières arbitraires et structuré des économies au profit des anciennes métropoles.

Le ministre a dénoncé la persistance de formes de néocolonialisme et affirmé la disponibilité de la Russie à travailler avec les États africains à l’élaboration d’instruments juridiques visant à évaluer et indemniser les préjudices subis durant la période coloniale.

Cette rhétorique trouve un écho croissant dans plusieurs capitales africaines, dans un contexte de défiance accrue envers l’Occident et de recherche de partenariats plus diversifiés. Moscou capitalise sur ce sentiment pour renforcer son influence diplomatique, sécuritaire et économique.

Sur le plan économique, Sergueï Lavrov a souligné la dynamique positive des échanges commerciaux russo-africains. Le volume des échanges a progressé de 13 % l’an dernier, atteignant 28 milliards de dollars. Un chiffre que la Russie juge encore largement en deçà du potentiel réel du partenariat, notamment dans les secteurs de l’énergie, des matières premières, de l’agriculture et des infrastructures.

En évoquant un « deuxième réveil » de l’Afrique et la montée en puissance de son autorité internationale, Moscou inscrit sa stratégie africaine dans une vision multipolaire du monde. Une approche qui, au-delà du discours, traduit une compétition géopolitique assumée pour l’influence sur un continent devenu central dans les équilibres globaux du XXIᵉ siècle.

Noël Ndong

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