Monusco : un consensus fragile au Conseil de sécurité, révélateur des tensions géopolitiquesMardi 23 Décembre 2025 - 11:15 La prolongation de la Monusco révèle la montée en puissance des acteurs africains. Malgré un vote unanime, la décision du Conseil de sécurité des Nations unies de prolonger d’un an le mandat de la Mission de l’ONU pour la stabilisation en République démocratique du Congo (Monusco) met en lumière de profondes divergences entre les grandes puissances, tout en illustrant l’affirmation progressive d’un rôle africain dans la gestion des crises du continent. Adoptée par les quinze membres du Conseil, la résolution intervient dans un contexte sécuritaire toujours extrêmement préoccupant dans l’est de la RDC. Les violences persistantes impliquant le mouvement rebelle M23, les Forces armées congolaises et une multitude de groupes armés continuent d’alimenter une instabilité chronique, provoquant des déplacements massifs de populations et fragilisant l’ensemble de la région des Grands Lacs. Selon les Nations unies, plus de 6,5 millions de personnes sont actuellement déplacées à l’intérieur du pays, faisant de la RDC l’un des foyers humanitaires les plus critiques au monde. Derrière l’apparente unité diplomatique affichée lors du vote, les débats ont toutefois révélé des lignes de fracture marquées. Les États-Unis ont directement accusé le Rwanda de soutenir le M23, appelant à un rôle plus affirmé de la Monusco dans l’accompagnement des initiatives de cessez-le-feu issues des discussions menées à Washington et à Doha. De son côté, la France, rédactrice du texte, a défendu une approche qualifiée de pragmatique, visant à préserver l’essence du mandat tout en tenant compte des évolutions diplomatiques et sécuritaires sur le terrain. À l’opposé, la Russie et la Chine ont exprimé de fortes réserves. Moscou a évoqué un « compromis difficile », dénonçant une tendance à politiser la mission onusienne. Pékin a, pour sa part, mis en garde contre toute instrumentalisation de la Monusco au service d’agendas extérieurs au cadre strict des Nations unies, insistant sur le respect du principe de souveraineté et de l’appropriation nationale des processus de paix. Dans ce contexte de rivalités croissantes, les membres africains du Conseil de sécurité, réunis au sein du groupe A3 Plus, ont cherché à rééquilibrer les discussions. Ils ont plaidé pour un leadership africain renforcé, mettant en avant les efforts de médiation conduits par l’Union africaine et les organisations régionales, notamment les initiatives soutenues par le Togo. Cette posture traduit une volonté croissante du continent de jouer un rôle central dans la résolution de ses propres crises, au-delà des cadres imposés par les grandes puissances. La résolution maintient les effectifs actuels de la Monusco et confirme ses missions prioritaires de protection des civils et d’appui aux autorités congolaises, tout en ouvrant la voie à un soutien encadré à un éventuel cessez-le-feu. Elle prévoit également des ajustements futurs du mandat en fonction de l’évolution de la situation sécuritaire. Dans un environnement international marqué par des tensions géopolitiques accrues, la reconduction de la Monusco illustre à la fois les limites et la résilience du multilatéralisme onusien. Pour la RDC, le défi demeure essentiel : transformer ce consensus fragile en progrès tangibles vers une paix durable. Noël Ndong Notification:Non |










