ONU : le Conseil de sécurité divisé après la reconnaissance du Somaliland par Israël

Mardi 30 Décembre 2025 - 14:51

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Le Conseil de sécurité des Nations unies s’est réuni lundi en session d’urgence pour examiner la décision récente d’Israël de reconnaître le « Somaliland », région septentrionale de la Somalie, comme État indépendant et souverain.

Une initiative inédite, vivement contestée par de nombreux pays africains et moyen-orientaux, qui ravive les tensions autour de l’intégrité territoriale somalienne. Lors de la réunion, le sous-secrétaire général des Nations unies pour le Moyen-Orient, l’Asie et le Pacifique, Mohamed Khaled Khiari, a rappelé la position constante de l’ONU. « Le Conseil de sécurité a affirmé à plusieurs reprises le respect de la souveraineté, de l’intégrité territoriale, de l’indépendance politique et de l’unité de la Somalie », a-t-il souligné, citant notamment la résolution 2809 adoptée le 23 décembre 2025.

Un appel au dialogue somalien

Dans ce contexte tendu, le haut responsable onusien a exhorté « les parties prenantes somaliennes à engager un dialogue pacifique et constructif », faisant référence au communiqué de Djibouti de 2023, qui encadrait les discussions entre le gouvernement fédéral somalien et les autorités du Somaliland. Israël est devenu vendredi dernier le premier État à reconnaître officiellement le Somaliland, qui a proclamé son indépendance en 1991 à la suite de l’effondrement de l’État somalien. En retour, les autorités du Somaliland ont annoncé reconnaître Israël, scellant une reconnaissance mutuelle sans précédent. Depuis plus de trois décennies, le Somaliland administre de facto la majeure partie du territoire qu’il revendique, avec ses propres institutions politiques, sécuritaires et économiques. Toutefois, il n’avait jusqu’ici obtenu aucune reconnaissance internationale formelle.

Condamnations régionales et inquiétudes sécuritaires

Le gouvernement somalien a dénoncé une « mesure illégale », estimant qu’elle constitue une violation flagrante de sa souveraineté. Plusieurs pays de la région, dont l’Égypte, la Jordanie, Djibouti, l’Arabie saoudite et la Turquie, ont également condamné une décision unilatérale jugée susceptible de fragiliser davantage la Corne de l’Afrique. La question s’inscrit dans un contexte régional complexe. Si la majorité des pays à population musulmane ne reconnaissent pas Israël, certains États, comme l’Égypte et la Turquie, entretiennent des relations diplomatiques avec l’État hébreu. En 2020, les accords d’Abraham, négociés sous la première administration Trump, avaient déjà rebattu les cartes en normalisant les relations entre Israël, les Émirats arabes unis, Bahreïn et le Maroc.

Un territoire stratégique sous haute surveillance

Peuplé d’environ cinq millions d’habitants, le Somaliland dispose d’un parlement élu, d’une monnaie, d’un drapeau, ainsi que de forces de sécurité propres. Sa position stratégique dans le golfe d’Aden, à l’entrée de la mer Rouge et le long de l’une des routes maritimes les plus fréquentées au monde reliant l’océan Indien au canal de Suez, renforce l’intérêt géopolitique qu’il suscite. Les autorités du Somaliland espèrent désormais obtenir une reconnaissance américaine, qui pourrait, selon elles, engendrer un effet d’entraînement international. Toutefois, plusieurs analystes mettent en garde contre les risques de déstabilisation régionale, estimant qu’une telle reconnaissance pourrait alimenter les tensions internes en Somalie et renforcer des groupes jihadistes comme Al-Chabab.

La réunion du Conseil de sécurité n’a débouché sur aucune décision immédiate, mais elle souligne l’ampleur des enjeux diplomatiques et sécuritaires liés à la reconnaissance du Somaliland, dans une région déjà fragilisée par des décennies de conflits et de rivalités stratégiques.

Noël Ndong

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