Ebola : la Banque mondiale fustige l’insuffisance de la réponse à l’épidémie

Mardi 2 Septembre 2014 - 19:45

Abonnez-vous

  • Augmenter
  • Normal

Current Size: 100%

Version imprimable

Dans une tribune publiée lundi par le Washington Post, le président de la Banque mondiale, Jim Yong Kim, accuse la communauté internationale de n’avoir pas su donner la réponse qu’il faut pour combattre la propagation de la maladie en Afrique de l’Ouest et ailleurs.

« La réponse catastrophiquement inadéquate apportée par le monde à l’épidémie de fièvre Ebola en Afrique de l’Ouest est responsable de nombreux décès qui n’auraient pas dû se produire (…). La crise qui se déroule sous nos yeux est moins liée au virus lui-même qu’à des préjugés mortels et mal informés qui ont conduit à une réponse catastrophiquement inadéquate à l’épidémie » affirme Jim Yong Kim.

L’Organisation mondiale de la santé (OMS) estime que le virus pourrait au final infecter 20.000 personnes de plus. À ce jour plus de 1.500 personnes ont été déjà tuées par la maladie en Afrique de l’Ouest, où l’épidémie en cours depuis février est la plus meurtrière depuis que le virus a été découvert en 1976 près de la rivière Ebola, sur le territoire de l’actuelle République démocratique du Congo. Sur les personnes contaminées, plus de 3.000 l’ont été essentiellement en Sierra Leone, en Guinée et au Liberia.

« Un nombre inutilement élevé de personnes en meurent  (…). Nous sommes à un moment dangereux. Des dizaines de milliers de vie, l’avenir de la région et les avancées difficilement obtenues de l’économie et de la santé de millions d’autres sont en jeu », ajoute Jim Yong Kim dans cette tribune co-écrite avec un professeur de l’Université de Harvard, Paul Farmer. Les deux hommes ont créé Partners In Health, une fondation qui se consacre à l’amélioration de la santé dans les pays pauvres.

Selon des experts, la déliquescence des systèmes de santé publique a exacerbé la gravité de l’épidémie. Au Liberia par exemple, un des trois pays les plus touchés, l’on ne comptait à peine que 50 docteurs pour une population de 4,3 millions d’habitants avant la flambée épidémique. Résultat : de nombreux employés du secteur de la santé ont succombé à la maladie.

Outre cela, les pénuries de biens de première nécessité et d’équipements médicaux se sont aggravées du fait de la décision prise par certaines compagnies aériennes de ne plus desservir les pays les plus touchés par le fléau. Les fermetures de frontière ordonnées par des pays voisins de même que le rapatriement des expatriés de nombreuses organisations internationales ont également désorganisé le secteur de la santé.

Pour Jim Yong Kim et Paul Farmer, si les pays riches et les organisations internationales mettaient sur pied une réponse coordonnée avec les nations ouest-africaines basée sur les recommandations de l’OMS, le taux de mortalité du virus pourrait chuter à 20%, contre 50% aujourd’hui.

La semaine dernière, l’OMS a dévoilé un plan d’action qui nécessite près de 490 millions de dollars (370 millions d’euros) pour mettre fin à l’épidémie. Ce plan comprend l’implication de personnel de santé par milliers et d’environ 750 experts internationaux.

Le Sénégal est devenu vendredi le cinquième pays africain frappé par la maladie, avec la découverte d’un étudiant guinéen porteur du virus, qui s’était soustrait aux mesures de confinement dans son pays pour se rendre à Dakar. Après avoir appris la nouvelle, de nombreux Sénégalais dont le président Macky Sall ont réagi concernant la présence de ce jeune guinéen. « Les gens doivent savoir que ce garçon, n’eût été son état de santé, se trouverait devant un tribunal. On n’a pas le droit d’être porteur d’une maladie et de l’amener dans d’autres pays », a dit le chef de l’État sénégalais.

 

Nestor N'Gampoula