Célébration de la résolution de l’ONU sur la sécurité des journalistes : FFJ réclame une loi organique portant protection des journalistes en RDC

Jeudi 27 Novembre 2014 - 18:15

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L’organisation a lancé un appel express au Parlement, en tant que législateur, afin de doter le pays de cet arsenal juridique nécessaire pour une presse libre.

À l’occasion de la célébration de l’adoption, par l’ONU, d’une résolution sur la sécurité des journalistes commémorée le 26 novembre, l’association de défense et de promotion de la liberté de la presse, Freedom for journalist (FFJ), a donné de la voix. Par son chargé d’assistance légale et d’aide judiciaire, Me Nkashama, cette ONG estime, en effet, que le gouvernement congolais n’assure pas une suffisante sécurité aux journalistes évoluant sur son territoire.

Pour ce juriste, cette sécurité n’est pas garantie parce qu’elle n’a pas explicitement de base légale. Cela constitue le sens de l’appel lancé au législateur. « En tant qu’entité destinée à édicter des lois, le Parlement est invité à initier une loi organique devant porter essentiellement sur la sécurité du journaliste. Ne pas le faire n’encourage pas la dynamique mondiale qui promeut une presse libre », a-t-il martelé.

FFJ rappelle qu’à l’occasion de la célébration, le 2 novembre 2014, de la première journée sur la fin de l’impunité des crimes contre les journalistes, un autre appel a été lancé en direction du gouvernement pour une loi criminalisant les attaques visant les journalistes. « Notre souhait est que la RDC soit dotée d’une loi spécifique qui porte sur la sécurité du journaliste avec un accent sur des poursuites pénales contre quiconque menacerait cette sécurité. La loi actuelle sur la liberté de la presse a montré ses limites en ce qu’elle renferme ses propres faiblesses », s’explique ce membre éminent du staff dirigeant de cette organisation qui vient publier son rapport 2014 sur la liberté de la presse.

À cette même occasion, l’organisation a rendu publique sa dernière publication sur « Justice & journalistes en République démocratique du Congo », qui est un document qui fait écho de tous les journalistes traînés aussi bien par des tiers que par ceux qui détiennent la puissance publique devant les cours et tribunaux. « FFJ a la nette impression que ceux qui mettent à mal les journalistes les malmènent au départ en leur infligeant des traitements inhumains avant de les déférer devant les cours et tribunaux très souvent à la suite de la clameur publique. C’est le cas des derniers journalistes malmenés Mike Mukebayi et Eric Masimo, de Kinshasa ainsi que Serge Mwamba, de l’Équateur », a fait observé Me Nkashama.

Le dernier rapport sur l’état de la liberté de la presse de 2014 publié par FFJ, note-t-on, a documenté deux cent trente cinq cas de violations de droit d’informer et d’être informé, amplifié par les deux arrêtés du ministre des Médias qui avaient visé environ cent cinquante médias de la filière presse écrite. Ce rapport national fait sur la base du professionnalisme donne également les taux de violations par typologie et par province.

La libération de deux journalistes

L' association a, par ailleurs, pris acte de la libération, le week-end dernier, d’Éric Masimo, journaliste et directeur de C News, un journal de création récente paraissant à Kinshasa, et de Serge Mwamba, journaliste, correspondant à Mbandaka, du quotidien La Prospérité.

Selon FFJ, Mwamba été interpellé le 14 novembre. Il a été arrêté brutalement, son calepin, son téléphone et sa caméra ont été confisqués par des éléments de la Police venus disperser une marche des étudiants avant d’être conduit dans un cachot puis transféré, quelques instants après, au parquet de Grande instance de Mbandaka, sans être entendu sur un procès-verbal.

Cependant, Masimo a été interpellé le 14 novembre par des agents se réclamant de l’Agence nationale de renseignements (ANR) qui le prenaient en filature. Il a été conduit dans les cachots de ce service où il a été détenu. Ils lui reprochaient d’avoir mis sur le marché un périodique qui n’a pas reçu l’autorisation de paraître des autorités compétentes. « C’est faux, le journal s’est acquitté de toutes ses obligations fiscales et les preuves sont là », a déclaré l’un des membres de C News à FFJ.

Le 20 novembre, Masimo a été extrait des cachots de l’ANR et conduit au Parquet général de Gombe où il a été confié à un magistrat avant de bénéficier de la liberté provisoire moyennant payement d’une caution. « FFJ constate malheureusement que les journalistes sont, au départ, brutalisés, soumis à des actes dégradants et inhumains par des services censés assurer le respect des droits de l’Homme avant leur remise à la justice pour camoufler le mauvais traitement qu'ils leur ont infligé après une clameur publique », ont déclaré les avocats de FFJ.

Lucien Dianzenza

Légendes et crédits photo : 

Le directeur exécutif de FFJ, déposant une gerbe de fleurs sur la tombe du journaliste Franck Ngyke assassiné en 2005 à Kinshasa/Photo FFJ