Monusco : controverse autour du départ des casques bleus

Jeudi 18 Décembre 2014 - 16:45

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Il est inadmissible que la force onusienne quitte le pays dans la précipitation compte tenu de la situation sécuritaire incertaine qui prévaut dans l’Est du pays, ont rétorqué les responsables de la Monusco à la proposition de Joseph Kabila de voir ses effectifs déployés sur le territoire national être réduits progressivement.

Lorsque dans son dernier discours sur l’état de la Nation, Joseph Kabila a fait part de son intention de voir l’effectif des casques bleus présents sur le territoire national (aujourd’hui évalué à 20.000 hommes) être réduit, plaidant au passage pour un retrait progressif, il venait par le fait même d’engager un débat de fond sur l’opportunité ou non de maintenir les troupes onusiennes en RDC. Pour le président de la République, rien aujourd’hui ne justifie l’existence de la Monusco dans un « pays où il n’y a plus de guerre classique, où la protection des civils relève désormais des opérations de police et des opérations militaires ». En fait, Joseph Kabila reste convaincu que la situation du pays requiert aujourd’hui la prise en main de sa destinée par son armée appelée à porter secours aux compatriotes en détresse.  

Les propos du chef de l’État avaient, comme il fallait s’y attendre, provoqué des réactions en sens divers de la part des responsables onusiens qui préfèrent mettre un bémol sur la question bien qu’elle fasse l’objet d’un plan déjà entériné au niveau du Conseil de sécurité des Nations unies.  À travers la Résolution 2147 paragraphe 48, fait-on savoir, il y a une revue stratégique pour envisager le retrait progressif de la Monusco en RDC. Tout le problème réside dans la manière d’opérer ce retrait pour lequel l'option avait été levée. Dans les milieux onusiens, on laisse entendre que le départ des casques bleus dépend du Conseil de sécurité de l’ONU tout en conseillant à la prudence. « Il ne faut surtout pas agir avec précipitation », a déclaré récemment le chef du Département des opérations de maintien de la paix (DOMP), Hervé Ladsous, qui estime qu’il faille dorénavant « discuter avec le gouvernement congolais d’une stratégie de sortie à l’horizon de trois ans, quatre ans, cinq ans ». Pour ce cadre de l’ONU, un départ précipité des casques bleus tendrait à compliquer la situation car, a-t-il ajouté, réduire trop vite le volume des casques bleus déployés sur le terrain risquerait de fragiliser tous les acquis coûteux jusque-là engrangés en terme de pacification et de stabilisation du pays.

Renchérissant sur cet aspect des choses, le représentant spécial du Secrétaire général des Nations unies en RDC, Martin Kobler, fait savoir que la Monusco pliera effectivement ses bagages dès lors qu’elle se rendra compte que la situation sécuritaire s’est améliorée et que l’autorité de l‘État est réellement instaurée. « On ne veut pas laisser le pays dans un état fragile », a-t-il déclaré faisant allusion notamment à la situation sécuritaire incertaine qui prévaut dans l’est du pays plus précisément à Beni où plusieurs groupes armés et gangs de racketteurs sont actifs. Entre-temps, la même Monusco est engagée aux côtés des Fardc dans une opération militaire conjointe « Umoja » visant la neutralisation des Forces démocratiques alliées qui sèment la terreur à Beni et dans les environs.

À tout prendre, la Monusco n’est pas prête à plier ses bagages. Le retrait progressif des casques bleus de la Monusco tel que suggéré par Joseph Kabila dépendra des discussions qui seront engagées entre le gouvernement et le Conseil de Sécurité de l’ONU, indique-t-on. Cependant, une certaine opinion intérieure guette avec beaucoup d’appréhensions le départ des casques bleus estimant que la menace de déstabilisation du territoire national n’est pas complètement éloignée, surtout en ce moment où les forces négatives sont en train de se restructurer en Ouganda et dans d’autres pays limitrophes situés à l’Est. Dossier à suivre.

 

Alain Diasso

Légendes et crédits photo : 

Des casques bleus dans une zone opérationnelle