CAN 2015: Congo-RDC, un acte 4 que l’on souhaite historique et seulement sportif

Vendredi 30 Janvier 2015 - 21:45

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Quatrième volet des confrontations entre les Diables rouges et les Léopards de RDC, le quart de finale de ce samedi s’annonce d’ores et déjà comme l’un des temps forts de cette CAN 2015. Si le Congo est favori, à la lumière de son parcours en matchs de poules, le caractère passionnel de ce derby rend bien  indécise l’issue de ce match historique.

Après un tour de chauffe, remporté par la RDC en 1968, le ballon rond avait plutôt bien fait les choses, y ajoutant une pointe d’ironie, lors des confrontations entre Congo et RDC en Coupe d’Afrique des nations : les Léopards du Zaïre avaient battu le futur champion en phase de poules lors de l’édition Cameroun 72. Deux ans plus tard, les Diables rouges signaient une première victoire historique face aux Léopards, futurs vainqueurs d’Egypte 74.

Depuis, les deux sélections ne s’étaient plus croisées lors de la reine des compétitions africaines. Et cette nouvelle manche prend une dimension supplémentaire, puisqu’elle est la première lors d’un match à élimination directe. Si l’on ne peut pas encore savoir si le vainqueur soulèvera le trophée, il est certain que le perdant fera ses bagages.

A la vue du premier tour de cette CAN 2015, les Diables rouges sont objectivement favoris. Les joueurs de Claude Le Roy ont livré des prestations abouties face au Gabon et au Burkina, affichant une cohésion collective et une maitrise tactique dont les Léopards de Florent Ibenge ne peuvent se targuer à ce stade de la compétition.

Si les Léopards ont fait preuve de caractère en revenant au score face à la Zambie, après l’ouverture du score très précoce des Chipolopolo Boys, ils ont ensuite été globalement décevants face au Cap Vert et à la Tunisie. C’est d’ailleurs par un trou de souris qu’ils ont arraché leur billet pour ce derby des capitales les plus proches du monde.

Jusqu’ici, l’équipe de Florent Ibenge, qui déplore il est vrai la blessure de son capitaine Youssuf Mulumbu (forfait ce samedi), enchaîne les scores de parité sans convaincre. Son atout offensif numéro 1, Yannick Bolasie, est rarement trouvé dans les bonnes conditions. Contraint de descendre assez pour toucher le ballon, il s’épuise dans de longs déboulés et manque de jus à l’approche de la zone de vérité.

La titularisation de Neeskens Kebano face aux Diables rouges pourrait changer la donne. Forfait lors de la première journée, il n’a pas été utilisé par Ibenge, qui lui a préféré Mubélé, ce qui est assez incompréhensible, au vu des qualités du milieu de Charleroi et des prestations moyennes du meilleur joueur évoluant en Afrique en 2014. Avec l’ancien Parisien, c’est un tout autre visage que pourrait afficher les Léopards sur la pelouse de Bata.

Kebano reste à l’heure actuelle l’un des seuls Léopards que Claude Le Roy et Sébastien Migné n’ont pas entrainés, voire lancés dans le grand bain. C’est donc face à un adversaire qu’il connait presque par cœur que le sélectionneur du Congo dirigera ce match. Un avantage de plus, même si Jean Kasusula, le défenseur du TP Mazembe, déclarait récemment que « nous connaissons aussi comment il fonctionne ». A voir, car « Mister CAN », comme est surnommé Le Roy, a aussi le bénéfice de l’expérience sur Florent Ibenge, qui dispute sa première CAN sur un banc.

Si les bases sportives et techniques de cette rencontre sont jetées, on ne peut occulter la dimension passionnelle qui l’entoure. Sur place, à Bata, l’arrivée d’une délégation diplomatique de RDC dans l’hôtel des Diables rouges a fait grincer quelques dents. Une situation que la CAF n’a pas su éviter et a poussée à son paroxysme à Malabo où les adversaires des quarts de finale sont logés dans le même hôtel (Ghana et Guinée d’un côté et Algérie et Côte d’Ivoire de l’autre). Les dérapages ont toutefois été évités, grâce à la sérénité du staff congolais. On a toutefois pu assister à une conférence de presse improvisée entre Claude Le Roy et la presse RD-Congolaise, et constater qu’une partie de celle-ci tente de faire de ce match une affaire personnelle entre les Léopards et leur ancien sélectionneur.

Si chacun reste libre de son angle éditorial, l’apaisement devrait primer pour éviter d’attiser la passion des supporteurs. Les vingt-deux acteurs sont d’ores et déjà prêts à livrer un match de gladiateurs, conscients de l’attente suscitée par ce match sur les deux rives du fleuve Congo. Mais espérons de tout cœur que cette rencontre historique ne prendra pas une situation dramatique hors des limites du terrain. Car, entachée de violences, la victoire ne sera plus si belle, qu’elle s’offre à l’une ou l’autre des deux équipes.

 

Camille Delourme et James Golden Eloué

Légendes et crédits photo : 

Photo: Les supporteurs des Diables Rouges du Congo; (Crédit: Adiac)