Santé : l’Italie craint la résurgence du paludisme

Samedi 25 Avril 2015 - 17:45

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Les moustiques qui ne connaissent pas les frontières, pourraient ré-infester les régions d’où ils avaient été chassés

Le paludisme, dont même l’autre appellation de malaria est d’origine italienne, a été éradiqué de la péninsule. L’assainissement des marais (palude, en italien) où pullulaient les moustiques et qui dégageaient le mauvais air (male aria) ont été asséchés. Un travail scientifique a également permis aux moustiques restants de devenir non-porteurs de pathogène. Mais la réalité commence à changer, disent les scientifiques et les personnels de santé qui tirent la sonnette d’alarme.

Chaque année, l’Italie enregistrerait pas moins de 1000 cas de paludisme. Pour le moment il s’agit surtout de sujets étrangers. Mais de plus en plus de personnes du cru sont menacées même si la maladie n’est pas contagieuse. C’est le signe que les moustiques offensifs commencent à repeupler des zones d’où ils avaient été chassés. A moins que, globalisation oblige, des anophèles n’aient réussi à voyager par les moyens les plus inédits (avions, bateaux, produits exotiques comme le bois tropical ou conteneurs) pour venir se reproduire dans le pays. Un pic de cas de paludisme a récemment été enregistré en Grèce et en Espagne.

L’association italienne de microbiologie clinique (AMCLI) a lancé un appel samedi, à l’occasion de la Journée mondiale contre le paludisme. Même en Europe continentale, la maladie pourrait revenir en force. L’AMCLI et son directeur, le Dr Pierangelo Clerici rappellent que chaque année 73% des décès chez les enfants de moins de cinq ans, sont dûs pour une large part à des maladies infectieuses et transmissibles. Et le paludisme est une grande faucheuse dans ce tableau puisqu’il était la cause du décès de 200 millions de personnes dans le monde en 2014.

Il faut agir. « Il faut faire face à cette menace en renforçant la prévention dans les pays les plus touchés, mais aussi veiller en même temps à contrôler les flux infectieux qui peuvent toucher même des pays d’Europe occidentale », estime l’AMCLI.  L’organisme recommande la mise en place d’un réseau d’alerte et de prévention pouvant contrer et annihiler tout foyer infectieux pour le palu comme pour d’autres maladies moins connues en Italie, parce que moins présentes.

Le combat devient d’ailleurs de plus en plus global et inclusif. Surtout face au phénomène de la multi-résistante aux antipaludiques classiques. Pendant longtemps l’artémisine a représenté la parade suffisante contre le palu, mais les chercheurs sont déçus de constater que dans certaines régions du monde, le plasmodium falciparum qui provoque le paludisme dans l’organisme commence à ne plus réagir à cet antipaludique. Même constat pour la chloroquine et d’autres médicaments.

Le risque, disent les chercheurs italiens, est qu’un tel phénomène risque de ramener à néant les avancées accomplies dans la lutte contre le paludisme dans un continent comme l’Afrique. « Et d’augmenter le nombre de cas comme le nombre des décès, ce qui aurait un impact économique et sanitaire dévastateur » sur le dynamisme africain constaté. L’AMCLI en est convaincue : « c’est ici, dans l’effort pour contenir les foyers des souches résistantes du paludisme, que se situe le défi du futur proche».

Lucien Mpama